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Nouvelles internationales
par JOSÉ ELÍAS le 29 novembre 2020

GUATEMALA : Prise du parlement, incendié par des centaines de manifestant.e.s

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Traduction Monica jornet groupe Gaston Couté FA



Le Parlement du Guatemala incendié pour protester contre le gel des dépenses sociales dans le budget. Un événement majeur !!! Pourtant je cherche en vain un article militant... À croire qu’une émeute ne se concluant pas par la prise du pouvoir, n’intéresse personne. Je traduis donc un article du correspondant permanent de El País en Amérique centrale (que je lis depuis des décennies), les faits étant suffisamment éloquents. Je ne propose pas en revanche pas la note additionnelle du quotidien espagnol ("Au fil des heures il paraît évident que...") visant strictement à criminaliser cette action directe. On connaît bien ce discours et on ne le relaiera pas. Quant au président corrompu du Guatemala, notons qu’il ne permettra pas qu’on "vandalise la propriété publique [pour lui, étatique] et privée", fondement du système capitaliste, lui se charge de vandaliser la société ! Les manifestations se poursuivent. (Note de la trad.)

Protestations massives au Guatemala pour exiger la démission du président
par JOSÉ ELÍAS. Ciudad De Guatemala - 22 NOV 2020

Plusieurs organisations pro-démocratie ont appelé ce dimanche 22 novembre à une nouvelle manifestation dans la capitale du Guatemala pour exiger la démission du président, Alejandro Giammattei. C’est la réponse à la dure répression contre la manifestation de masses de la veille, qui s’est achevée par la prise du Parlement et l’incendie de quelques une de ses salles. En conséquence, 37 citoyens arrêtés et au moins 20 blessés par l’usage excessif de la force.

La manifestation du samedi, à Ciudad de Guatemala, a été suivie dans plusieurs villes du pays et a été déclenchée par l’approbation du budget de plus élevé de l’histoire du pays, 99.700 millions de quetzales (soit environ 10.800 millions d’euros). Une augmentation de près de 25% qui sera financée par une augmentation conséquente de la dette et sans que la distribution par postes budgétaires soit définie clairement. Un stratagème déjà employé pour combattre la covid-19 et qui a permis, tout simplement, de faire disparaître des millions, comme le dénonçaient les banderoles brandies par les manifestants : “Giammattei, où est l’argent ?”. Le chef d’État est en charge depuis le mois de janvier dernier.

Parmi les détails en revanche connus, on sait que des postes budgétaires d’importance vitale pour la populations, comme l’équipement des hôpitaux ou l’éducation, ont été gelés, ainsi que les fonds destinés à combattre la malnutrition infantile et la pauvreté, tandis que d’autres postes budgétaires, destinés aux instances qui ont pour fonction d’exercer un contre-pouvoir vis-à-vis de l’Exécutif, comme le Bureau des Droits Humains ou le Tribunal Constitutionnel, ont été sévèrement revus à la baisse. .

Et ce dans un pays où 59,3% des près de 17 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté et où la malnutrition infantile touche presque la moitié des enfants de moins de cinq ans. En plus, rien que ce mois a vu passer deux ouragans qui ont frappé durement le pays, avec un bilan de 60 morts et des dizaines de disparus, et détruit les récoltes de subsistance de milliers de familles.

Les budgets alloués à des infrastructures, moyennant des marchés avec le secteur privé. augmentent en revanche considérablement, ce qui, historiquement, permet l’enrichissement de groupes d’intérêt proches des gouvernements.

La façon dont le budget a été adopté vendredi, en une seule séance parlementaire et sans donner le temps nécessaire aux 160 députés pour le lire, a motivé la demande du chef du gouvernement du pays [viceprésident], Guillermo Castillo, au chef de l’État [président], Giammattei, d’opposer un véto à ce budget, avant d’exiger de lui, quelques heures après, qu’il démissionne et confie le pays à une "junte de notables".

Cela a provoqué l’indignation et la révolte citoyennes contre ce que l’on appelle au Guatemala "le pacte des corrompus", qui lie des politiques, le patronat le plus conservateur, des militaires et des mafias de la drogue.

“Les institutions publiques sont perverties, ce qui oblige les citoyen.ne.s à revendiquer leur sauvetage dans la rue", explique l’analyste politique, Luis Linares, de Asíes, le centre d’études le plus ancien et prestigieux du Guatemala, ajoutant que le pays est face à une fracture du Gouvernement : les deux plus hautes autorités issues des urnes sont en train de divorcer politiquement, ce qui compromet aussi gravement la gouvernance, souligne cet expert.

L’internationaliste Gabriel Orellana voit des similitudes avec la Bolivie en ce qui concerne la prise de conscience des peuples indigènes, le secteur majoritaire et toujours ignoré par la minorité "blanche" du pays. Et il met en garde : “Il faut s’attendre à des conséquences pour l’heure imprévisibles de cette prise de conscience".

Pour le député d’opposition Aldo Dávila, le Guatemala a urgemment besoin de “trouver une issue par laquelle l’intérêt citoyen puisse prévaloir sur tout autre intérêt", ce qui n’a vraiment pas été la ligne du gouvernement actuel.


PAR : JOSÉ ELÍAS
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