éditorial du n°1191

mis en ligne le 3 février 2000

Combien de temps la probable alliance entre la droite et l'extrême droite autrichienne va-t-elle « préoccuper » les principaux États européens ? Va-t-on voir ces vaillants démocrates organiser de toute urgence un cordon sanitaire pour isoler politiquement et économiquement la gangrène fasciste ? Rien n'est moins sûr car il se trouve déjà des voix pour nous rappeler que le FPO (Parti de la liberté (!)) a été élu dans les règles de l'art et qu'il ne faut pas le faire plus nazi qu'il n'est. Au contraire, ils proposent une stratégie de dialogue avec Jörg Haider pour infléchir ses positions. Parle à mon cul ma tête est malade...

La présidente française de l'Union européenne ferme prudemment sa gueule et le grand frère américain a plutôt apprécié les qualités du nazillon lors de son récent séjour aux États-Unis. Chirac et quelques autres dignitaires de son rang craignent seulement que cette grenade offensive ne leur pète à la gueule ce qui serait du plus mauvais effet pour 2002.

Tout anti-étatistes que nous sommes, nous autres anarchistes n'avons rien à gagner à voir des fachos investir un appareil d'État. Nous savons bien que cela donnerait des moyens financiers, des leviers institutionnels, des relais politiques, militaires, et policiers à tous les partis fascistes du continent. Dans le même temps un conditionnement de l'opinion publique française est en cours qui remet à l'honneur l'ordre, la sécurité, la flicaille et la morale sous prétexte de violence jusque dans les maternelles. La responsabilité de ce matraquage incombe à cette gauche plurielle de merde qui espère ainsi détourner les regards des conflits sociaux en cours dans les PTT, les hôpitaux, chez les chauffeurs routiers, à Moulinex. Elle espère masquer la réalité de l'application des 35 heures qui très souvent se résument à fragiliser un peu plus les salariés alors qu'on nous annonce un salaire moyen de 13 900 FF qui échappe à 80 % des travailleurs !

Le drame auquel nous devons faire face est que l'extension de la pauvreté à des couches de plus en plus larges des populations ne finissent par converger avec la réhabilitation des discours autoritaires et de mesures à poignes. Les partis ultra-conservateurs ne désespèrent pas de voir s'ouvrir une opportunité politique. L'exemple autrichien les ayant décomplexé ils auraient alors un boulevard devant eux.

En ce sens la comète FN ne pourrait bien n'avoir été que l'avant-garde d'un ordre nouveau, soft, mais combien plus efficace.