éditorial du n°1316

mis en ligne le 17 avril 2003

UN DICTATEUR de moins! malheureusement il en reste un paquet, qui pour la plupart sont les partenaires, voir les alliés des États-Unis et de l'Union européenne. Ceci dit, les alliés d'hier peuvent devenir les ennemis de demain. La Syrie, alliée des américains lors de la première Guerre du Golfe, se voit maintenant menacée par eux. Saddam Hussein il y a vint ans nous était présenté comme le rempart de la laïcité face aux mollahs iraniens, aujourd'hui il a été abattu en tant que suppôt de Ben Laden. Maintenant les vainqueurs se posent en légitimes reconstructeurs du pays qu'ils ont détruit, au frais des irakiens bien sûr, qui paieront avec leur pétrole. C'est pourquoi, dans Bagdad, livré au pillage sous les yeux bienveillant des soldats de la coalition, le seul ministère protégé des pillards est celui du pétrole. La communauté internationale représentée par l'Onu se voit accorder, elle, les frais de l'aide humanitaire, rendue indispensable par la destruction massive des infrastructures autres que pétrolières.

Mais personne ne remet plus en cause la légitimité de cette invasion, alors que les prétextes invoqués se sont révélés être des mensonges, qu'aucune arme de destruction massive n'a été jusqu'ici découverte. Fort de cette conquête les États-Unis peuvent continuer à menacer qui bon leur semble sans que personne ne leur résiste. Cependant, au moment où vont se réunir à Paris les ministres de l'Environnement des huit pays les plus riches et les plus pollueurs de notre planète, on apprend que le géant américain Alcoa va saccager le centre de l'Islande en y implantant un centre de production d'aluminium accompagné d'un barrage. Polluant ainsi un des derniers endroit préservé de notre planète, alors que ce pays ne produit pas un gramme de bauxite, minerais à partir duquel on fabrique l'aluminium. Celui-ci viendra d'Afrique ou d'Amérique latine, contribuant ainsi un peu plus à l'encombrement des voies maritimes, histoire d'augmenter les chances d'accidents. Gageons que ce G8 de l'environnement ne servira pas à protéger celui-ci, comme son nom pourrait nous le faire croire, mais plutôt à se répartir les droits à polluer la planète et à empoisonner ses habitants. Sans bien sûr leur demander leur avis, ni même les tenir au courant. C'est cela qu'ils appellent la démocratie, qu'il faudrait défendre aux prix de notre vie, pas de la leur.