« Rojo y negro »

mis en ligne le 19 décembre 2005

On sait que l'histoire du syndicalisme libertaire espagnol est riche et, aujourd'hui, la Péninsule ibérique compte divers journaux syndicalistes. L'un d'eux, Rojo y Negro, mensuel anarchosyndicaliste, est réalisé par la Confédération générale du travail (CGT).

L'histoire de ce journal débute en janvier 1984, peu après la scission subie par la CNT, départ qui donnera naissance à la CNT-rénovée qui deviendra la CGT. Au départ, le rythme de parution du journal sera irrégulier, puis deviendra mensuel à partir de 1988 et jusqu'à nos jours.

Au fil du temps, alors que la CGT espagnole se développait, le journal accroît son tirage. Aujourd'hui, 20 000 abonné.e.s reçoivent le journal à domicile, et dix mille exemplaires sont servis aux sections locales pour être diffusés lors des activités syndicales et des actions sociales.

Vingt ans après sa création, l'une des ambitions de la rédaction du journal, centralisée à Pampelune, est d'étendre encore son influence à travers une diffusion en kiosque, mais aussi de devenir quinzomadaire. La rédaction, composée d'une équipe de collaborateurs qui abordent des sujets variés, s'appuie sur une forte participation des adhérent.e.s qui envoient beaucoup d'articles et d'informations sur les activités menées sur le terrain syndical.

Même si la participation rédactionnelle de mouvements ou d'associations proches de la CGT reste faible, le secrétaire en communication de la CGT, qui fabrique le mensuel, souhaite jouer l'ouverture au-delà des rangs des syndiqué.e.s de la confédération rouge et noire.

À ce titre, la rédaction du journal se défend de vouloir être le porte-parole officiel de la confédération, et tient à l'idée que le mensuel est un projet collectif qui contribue au développement de la CGT, ce qui implique que chaque membre de la CGT se l'approprie pour en faire un projet ouvert et n'appartenant à personne.

Naturellement, ce journal s'adresse autant aux adhérent.e.s de la CGT qu'à la société espagnole en général.

« Il s'agit donc, selon Mikel Galé, coordonnateur et maquettiste de la publication, de réaliser un travail qui serve à impulser le projet de la CGT. Pour cela, le journal continue à inciter à la participation et à la mobilisation avec la conviction que c'est le chemin à suivre pour arriver à une société plus juste et plus libre. Et ceci se démontre par la pratique. Pour cela, et sans oublier l'analyse, la critique et l'autocritique, Rojo y Negro prétend inciter les travailleurs et la société en général à se réapproprier leur rôle dans le monde du travail et dans les processus sociaux qui conditionnent leurs vies et qui, aujourd'hui, nous sont dictés par le pouvoir économique. Notre but est d'aller dans cette direction en multipliant les volontés et contribuer à les coordonner pour créer une force réelle et efficace qui affronte la dictature du capital et pour que cela serve à améliorer les conditions de vie des plus faibles. »

Au fil de ses vingt-huit pages, le mensuel, qui se présente comme un journal, en couleur, consacre un tiers de ses pages aux informations syndicales et au monde du travail espagnol. La rubrique internationale, baptisée « Sans frontières », constitue un rendez-vous d'autant plus incontournable qu'il est souvent réalisé par des collaborateurs de terrain aux contributions originales. En pages centrales, la réflexion est présente avec le supplément en huit pages « Materiales de reflexion » qui constitue des dossiers thématiques et permet de faire le point sur des sujets aussi divers que le commerce équitable, l'économie souterraine et ses dangers, la précarité dans le monde du travail... Autre rendez-vous important du journal, les quatre pages de la rubrique « AgitAccion » qui regroupe, dans une maquette dynamique, le calendrier et des appels à la mobilisation dans les secteurs de l'écologie, du mouvement contre la guerre, contre les violences faites aux femmes, en faveur des sans-papiers, de la répression des squats, contre la répression des dissidences... Enfin, la promotion des activités ou de la production culturelle libertaire et les articles de société qui analysent l'Espagne contemporaine sont aussi très présents dans Rojo y Negro.