Vers une fédération anarchiste

mis en ligne le 20 avril 2007

Costa Rica

Si le mouvement anarchiste international connait des difficultés certaines pour se développer, il le doit beaucoup à des contraintes qui lui sont imposées par ceux et celles qui souhaitent pérenniser un système inégalitaire et oppressif. Mais il le doit aussi à la rareté de structures et d'outils qui doivent lui permettre un développement, un enracinement en même temps que les recherches nécessaires à l'évolution de notre projet de transformation. De temps à autre, une information nous parvient qui peut nous réjouir. Cette fois, c'est du Costa Rica qu'émerge une ferme volonté de regrouper les moyens et de briser le cercle vicieux de la marginalisation. Nos camarades de la Fédération anarchiste de Rio de Janeiro (FARJ) ont porté à notre connaissance une initiative réellement digne d'intérêt. Dans son numéro 2 d'octobre 2006, le bimensuel La libertad, journal «pour la construction de la Fédération anarchiste costaricaine», fait part d'une initiative porteuse d'espoirs. «Cette publication, La Libertad, est un effort de divers collectifs et diverses personnes, sympathisants de l'anarchisme, qui croyons en l'organisation et le travail en commun. Nous réalisons cet effort dans l'objectif de constituer, dans un futur proche et avec la collaboration de toutes et tous, la Fédération Anarchiste costaricaine», écrivent des plumes bien inspirées.

Dans ce petit pays situé entre le Nicaragua et le Panama, dans la mer des Caraïbes, la présence anarchiste est vieille d'un siècle et avait bénéficié aussi de l'apport des exilés espagnols. La presse libertaire de ce pays comptait déjà la revue Agitando mentes et avait vu émerger l'an dernier Via libre, qui se proposait d'être une revue au niveau plus élevé, sur le fond comme sur la forme. Puis, de l'aveu même des initiateurs de la revue La libertad: «nous croyons que ces dernières années, au Costa Rica, la participation anarchiste au mouvement social et culturel est allé en s'acroissant. Sa présence a été importante dans la lutte contre la globalisation et contre la guerre des USA en Irak. Sa participation dans les derniers 1er mai, dans les défilés de travailleurs, et dans les mobilisations contre le mal nommé “Traité de Libre Commerce” et le gouvernement de Arias (8 mai)...» fut très notable. Devant cet évident développement, et alors que les anarchistes locaux sont présents à travers plusieurs villes du pays, le regroupement semble s'imposer, en même temps que l'existence d'un organe de communication comme Via libre: «Nous croyons qu'il est important d'établir une présence fédérée, sans exclusions, avec une participation dans le mouvement social costaricain. Ainsi, nous croyons qu'il devient nécessaire de concentrer les efforts dans la consolidation de ce moyen de presse, où nous avons tous à participer et à démontrer l'unité et le pluralisme de l'anarchisme».

À ces fins, ces camarades d'Amérique centrale envisagent d'organiser un congrès constitutif «avec la participation de tous et toutes les sympathisants de l'anarchisme et avec invitation à divers courants internationaux». D'ici là, un comité de pilotage va se constituer, le plan de financement devra être établi, et un ordre du jour devra être réalisé. La mise en place d'un comité fédéral et l'instauration d'un moyen de presse fédéral devra émerger de ce congrès prévu pour début 2007, au moins sur deux jours.

Ce projet, heureusement ambitieux et porteur de perspectives, se caractérise donc par la volonté de toucher le plus grand nombre au moyen d'un journal d'ambition nationale, et par la recherche du regroupement pluraliste, fédéral et libertaire des personnes et collectifs anarchistes. Cette intention fait écho à notre fédération anarchiste qui a suivi et poursuit encore cette même démarche, en France et en Belgique, et jusqu'au sein de l'Internationale des fédérations anarchistes (IFA). Le secrétariat des relations internationales de la fédération anarchiste (France, Belgique)fait part de sa satisfaction à propos de l'initiative des camarades costaricains. Nous leur envoyons tous nos encouragements et les assurons de notre attention quant au suivi de leur développement. Le mouvement anarchiste organisé de façon pluraliste, libertaire et conséquent, est l'une des voies les plus sûres pour encourager la révolution sociale.


(France, Belgique)