No-Tav

mis en ligne le 26 mars 2010
1587-Riri-no-tavMardi 16 février, autour de minuit. Cette fois-ci, il s’en faut de peu. La foreuse installée à Coldimosso di Susa, sous le passage qui enjambe l’autoroute, est interceptée par les No-Tav qui attendent depuis des heures et l’ont, de fait, presque doublée. Les coups de matraque pleuvent pour disperser les premiers arrivés. S’en suivront de longues heures d’assaut, pendant lesquelles les forces de l’ordre et les ouvriers travaillant sur la foreuse seront la cible de boules de neige et de jets d’eau, tandis que le tuyau d’arrivée d’eau sera maintes fois déplacé. Le lendemain matin, sur le site de La Stampa online, on pourra lire les habituelles falsifications : les boules de neige se sont transformées en cailloux, et l’eau en urine.
Mercredi 17 février, 17 heures. Les No-Tav se retrouvent au piquet d’occupation de l’autoport de Susa et décident de se promener jusqu’à l’endroit où est installée la foreuse. Pendant ce temps, à Turin, une cinquantaine de No-Tav se retrouvent à la gare de Porta Susa pour un piquet d’occupation informatif. La gare est littéralement « blindée ».
Le cortège qui était parti de l’autoport arrive aux pieds de la foreuse. Quelques boules de neige sont lancées et la police charge plusieurs fois. Des charges féroces. Ceux qui tombent sont massacrés. Un jeune homme, Simone, est frappé plusieurs fois et tombe. Les policiers s’acharnent sur lui alors qu’il est à terre. Il vomit du sang, n’arrive plus à bouger les jambes. Les policiers cassent littéralement la tête d’une femme, s’acharnent sur son visage, et une jeune fille a, elle aussi, de nombreuses blessures à la tête. Beaucoup d’autres y gagnent des bleus et des écorchures.
Un No-Tav crie aux policiers qu’ils ont fait exprès de viser Simone, ce à quoi ils répondent « Oui, celui-là, on le connaît ». Ce qui semble normal : Simone est un anarchiste, et les anarchistes gagnent facilement les faveurs des forces du désordre étatique.
Les trois blessés sont amenés à l’hôpital de Susa. La femme est opérée d’urgence, la jeune fille recousue, mais, malheureusement, le garçon qui a reçu des coups à la tête est dans un état plus grave. Il a une hémorragie cérébrale, il ne sent plus ses jambes, il vomit. Il est transféré à l’hôpital Molinette à Turin.
Le bouche à oreille des No-Tav répand rapidement la nouvelle des graves affrontements de Susa. Rendez-vous est donné à la rotonde de Chianocco. Les No-Tav bloquent les nationales 24 et 25 ainsi que l’autoroute. Sur la A32 les policiers sont conspués quand arrive la nouvelle qu’une ambulance transportant Simone à l’hôpital Molinette est sur le point d’arriver. Ils décampent en vitesse. Une colonne de policiers et de carabiniers est interceptée sur la nationale 25 et ne peut plus avancer : l’indignation au sujet de ce qui vient d’arriver est à son comble. La police tire des lacrymos avant de s’en aller. Les blocus prennent fin autour de minuit et demi.
Simone arrive au Molinette mais n’est même pas laissé tranquille. La Digos 1 pénètre dans la salle des urgences. Des camarades et des amis de Simone les chassent énergiquement et appellent un avocat. Un nouvel examen médical indique que l’état de santé du jeune homme est grave mais stable. Simone est enfin conduit en salle d’opération.
Quelques No-Tav décident de bloquer la sortie des camions transportant la première édition du journal La Stampa, en faisant un piquet au 84 de la rue Giordano Bruno. Quand, une heure plus tard, la Celere 2 arrive, l’attroupement se dissout.
En janvier, à Condove, la police avait cassé le bras de Maurizio, un No-Tav qui manifestait contre les foreuses et, la semaine précédente, quelques coups de matraque avaient laissé des traces sur l’autoroute. Mais à Coldimossa, la police s’est déchaînée. En ces heures d’attente et d’angoisse quant au sort du camarade blessé, nous savons de manière encore plus certaine ce que nous avons toujours su : ces messieurs du Tav et leurs laquais ne s’arrêtent devant rien. Les longues heures de blocus dans la vallée sont la réponse d’un mouvement qui résiste et qui n’a pas peur de la violence légalisée des hommes en uniforme.

Collectif No-Tav-autogestione
Traduction : Relations internationales de la Fédération anarchiste

1. Digos : acronyme pour Divisione Investi-gazione Generali e Operazioni Spaciali (Direction des enquêtes générales et des opérations spéciales), dont les principales missions sont le contrôle des activités politiques sur l’ensemble du territoire, ainsi que l’antiterrorisme… (NdT.)
2. Celere : plus ou moins l’équivalent de nos CRS. (NdT.)