Viva Zapata !

mis en ligne le 11 mars 2010
Dans la théorie marxiste, la dictature du prolétariat désigne cette phase transitoire et à durée indéterminée devant mener à la société communiste véritable, durant laquelle les prolétaires, ayant conquis l’État, lui-même appelé ensuite à dépérir en un temps non évalué, exercent un pouvoir tyrannique sur la société afin d’en finir avec les classes sociales, l’odieuse bourgeoisie et ses immondes laquais.
À Cuba, où cette phase transitoire a débuté il y a cinquante et une petites années, Orlando Zapata, un ouvrier maçon et plombier, fondateur d’une organisation pacifiste, le Mouvement alternatif républicain, est mort en prison après y avoir mené une grève de la faim de soixante-dix jours. Il avait souhaité dire tout haut ce qui allait mal dans cette île des Caraïbes, signe avant-coureur éclatant d’une perturbation mentale évidente. Car existe-t-il un endroit au monde où tout va bien ?
Qu’on juge donc de la folie de cet homme ! Voici un prolétaire qui, entre un petit mur de briques à monter et un joint de lavabo à changer, exerçait avec ses camarades une sévère mais juste dictature sur lui-même et ses camarades, en attendant d’en finir avec les classes sociales, la bourgeoisie odieuse et ses immondes laquais. Et le voilà comme ça qui prend le risque, sous couvert de critique sociale, de voir restaurer l’exploitation éhontée des maçons et plombiers cubains dans une société de classes dirigée par une odieuse bourgeoisie et ses immondes laquais ! En d’autres temps et d’autres lieux où la période de transition s’est hélas achevée avant terme, cet Orlando furioso aurait connu illico l’hôpital psychiatrique ! Mais la poigne prolétaire s’est ramollie depuis la chute du Mur, et cet agent au mieux involontaire de l’impérialisme ne fut condamné au bout du compte qu’à trente-six ans d’enfermement, pas même la moitié du quart d’une phase transitoire réussie ! Il aura fallu, pour finir, qu’il s’applique à lui-même la peine de mort prolétarienne, épargnant ainsi au castrisme le retour d’une société de classes, d’une odieuse bourgeoisie et de ses immondes laquais.
Cuba respire. La phase transitoire continue…