Total restructure

mis en ligne le 4 février 2010
1581Total« Huit milliards de bénéfice pour 2009, ça ne suffit pas. C’est moins bien que 2008 (14 milliards). » C’est en gros les propos tenus par le patron de Total, Christophe de Margerie, présentant ses vœux pour 2010 au Palais des Congrès de la porte Maillot loué pour l’occasion.
Alors que le prix du pétrole brut a franchi la barre des 80 dollars le baril, et que le groupe continue son déploiement au niveau international, Total fait dans la sinistrose. Moins de dividendes à verser aux actionnaires (tout est relatif) et voilà que la machine s’emballe.
La crise servant d’argument pour s’attaquer en premier lieu aux intérêts des salariés. Les mots d’ordre égrenés lors du discours du PDG sont clairs : gains de productivité, accroissement de la compétitivité, réduction des coûts… Ce qui veut dire minorations salariales, suppressions d’emplois, restructurations, cession de branches d’activité, etc.
Total utilise ainsi la crise économique pour engager en 2010 un vaste plan de désengagement et de réorganisation de ses activités.
L’an dernier déjà, un premier plan de restructuration du raffinage et de la pétrochimie avait supprimé 555 emplois, mais ce n’était qu’un début. Total continue son plan de délocalisation progressive de ses activités industrielles en Europe pour se tourner vers des pays moins regardants en matière environnementale et à bas coûts salariaux.
Dans son discours, de Margerie a évoqué le nouveau site pétrochimique du Qatar où il sera possible de faire aussi du raffinage.
Dans les jours et semaines qui viennent, des comités centraux d’entreprise extraordinaires sont convoqués pour annoncer plusieurs plans de restructuration : cession de la branche grand public d’Hutchinson (Mappa, Spontex) à l’Américain Jarden
(4 800 salariés) ; transferts de contrat à deux repreneurs belge et espagnol du site GPN de Mazingarbe, près de Lens, avec 75 suppressions d’emplois à la clé ; vente ou fermeture de six dépôts pétroliers en France et sort inconnu pour les salariés concernés ; fermeture ou vente de la raffinerie des Flandres à Dunkerque, arrêtée depuis déjà plusieurs mois (380 salariés) ; menaces sur celle de Gonfreville près du Havre… et ce n’est qu’un début.
Comme à chaque fois dans le système capitaliste, les groupes multinationaux passent par des phases d’acquisition, restructuration, cession, restructuration. Là, Total se débarrasse des filiales vieilles ou moins rentables mais ce sont toujours les salariés qui trinquent.
Le PDG a ajouté que 2010 serait une année dure, mais que les décisions prises le seront « pour le bien du groupe ». Les actionnaires seront reconnaissants. D’ailleurs, de Margerie a annoncé sans rire qu’il distribuerait
également une action gratuite à l’ensemble des salariés du groupe, mais déjà ces derniers sont très nombreux à dire qu’ils n’en voudront pas.