Un symbole fort

mis en ligne le 25 mars 2010
Ont-ils chanté en chœur l’Internationale à l’issue de leurs négociations ? Les médias ne l’ont pas précisé. S’exprimant, en tout cas, au nom des travailleurs, des humbles, des déshérités, des chômeurs, des précaires, des exclus, des inquiets, des abonnés au Pôle Emploi, bref, des damnés de la terre, les représentants des divers courants de gauche auraient pu, dans la mise en commun temporaire de leurs marchandises mentales, choisir pour cela un lieu chargé de symbole. Une usine occupée, l’étable ou la porcherie réaménagée d’un éleveur ruiné par les directives de Bruxelles… Ou encore, la politique n’étant plus que l’organisation plus ou moins compassionnelle de la charité, le local d’une organisation d’aide aux plus démunis, de type Secours populaire ou Armée du salut… Que sais-je encore ?
Ne souhaitant pas se réunir au siège de l’un de ses deux autres partenaires, et manifestement peu soucieuse d’économiser l’argent de ses adhérents, chacune des trois composantes de cette gauche défiante et prodigue a préféré les salons et la moquette haute laine d’un hôtel parisien quatre étoiles.
Quelques images entr’aperçues à l’heure du déjeuner montraient que quelques-uns de ces représentants des forçats de la faim avaient à l’évidence un bon coup de fourchette. Quel fut le montant de l’addition ? Les médias ne l’ont pas précisé.
Choisir un hôtel de luxe pour conclure un accord électoral et entendre à nouveau les candidats et stratèges retenus mettre en avant les difficultés majeures d’un nombre croissant de citoyens de ce pays, voilà précisément un symbole fort propre à émouvoir et à enthousiasmer des électeurs lassés par le navrant spectacle politicien. Combien de temps encore durera cette sinistre comédie ? Les médias ne l’ont pas précisé…