Censure : la trahison de la faucille et du marteau

mis en ligne le 19 novembre 2009
Le samedi 17 octobre 2009, une conférence a lieu au centre social occupé La Gotera, dans la banlieue de Madrid. L'objet de cette rencontre publique est de présenter un livre, La trahison de la faucille et du marteau, publié au Mexique, puis en Espagne, et écrit par Erick Benitez Martinez. Ce livre de 356 pages, écrit par ce militant libertaire mexicain, n'est pas qu'une critique du marxisme, c'est aussi une analyse. La démonstration s’appuie sur des œuvres marxistes, et son volet théorique suffit à démontrer la véritable idéologie étatique et autoritaire du marxisme. La partie historique du livre analyse des situations où le communisme a joué un rôle important (Russie, Espagne). Au final, cet ouvrage affirme l'incompatibilité absolue du marxisme avec les idées libertaires. Cet ouvrage a d'abord été édité au Mexique par les Éditions Hormiga libertaria.
Alors que la conférence a lieu en présence de l'auteur, une dizaine de personnes, de divers collectifs à caractère antifasciste, interrompt la réunion et demande que le livre soit retiré de la vente. Devant les protestations des présents, des insultes et menaces physiques sont prononcées, spécialement contre les membres du collectif éditant l'ouvrage en Espagne, El grillo libertario. Puis, passant aux actes, les agresseurs-censeurs blessent des personnes du public.
Des personnes présentes lors de l'agression expriment, dans une déclaration commune, qu'elles « se positionnent contre la censure, spécialement au sein de nos propres espaces. Hier c'était une chanson, aujourd'hui un livre, demain cela peut-être un t-shirt ou un autocollant. La menace à laquelle sont exposés les personnes du collectif éditeur met en évidence que quiconque s'engage à poser une critique de certaines idéologies ou simplement prétendent générer du débat, mettent leur intégrité physique en danger. »
Les Éditions du Monde libertaire, qui ont engagé la même démarche critique de l'idéologie marxiste en publiant, entre autres, le livre de notre compagnon Justhom, Quand Marx, Engels, Lénine flinguaient les anarchistes, apportent leur soutien aux éditeurs et à l'auteur de cet ouvrage.
En ces temps de flou idéologique, il est urgent de réaffirmer la justesse de la pensée et de la pratique anarchistes, libérées des scories marxistes et/ou gauchistes qui l'enveniment. Certains n'osent pas ou ne veulent pas critiquer le marxisme, d'autres – parfois les mêmes – refusent de critiquer l'islam. Tout cela dans un esprit de pseudo-radicalisme anti-capitaliste (ou plutôt anti-américain) en jouant les « idiots utiles » de ces idéologies autoritaires et liberticides. C'est, au moins, une erreur de jugement grave car les régimes communistes autoritaires (Chine) ou islamiques (Iran) s'adaptent très bien aux règles du marché capitaliste.
En ces temps de crise mondiale du capitalisme, il est urgent de ne pas retomber dans les pièges de la « dictature du prolétariat », de ne pas se laisser enfermer dans une pseudo-redécouverte d'un marxisme entaché de sang, vingt ans après la chute du mur de Berlin. Il est urgent de redécouvrir l'histoire des idées et des expériences anarchistes afin de guider notre action ici et maintenant.