Les pro-franquistes se déchaînent

mis en ligne le 17 septembre 2009
Le magistrat Baltasar Garzon, à l’origine de l’arrestation de l’ancien dictateur Augusto Pinochet, à Londres, en 1998, est inquiété pour avoir également « brisé le grand tabou espagnol ». À l’automne 2008, il avait ouvert une procédure contre le Caudillo pour « crimes contre l’humanité » commis après son putsch de juillet 1936. Garzon s’était ensuite dessaisi de l’affaire au profit des tribunaux régionaux. C’est depuis son intervention que Baltasar Garzon est dans le collimateur du tribunal suprême de Madrid, qui a jugé recevable une plainte déposée par le syndicat d’extrême droite Manos Limpias (« Mains propres »).
Ce syndicat, qui prône la peine de mort et condamne radicalement l’avortement, accuse Garzon de « prévarication » dans son enquête contre le régime de Franco. En effet, Manos Limpias lui reproche d’avoir voulu inculper les troupes nationales, dont le soulèvement provoqua la guerre civile (1936-1939), tout en sachant pertinemment que le procès est impossible, puisque tous les coupables sont décédés.
Si le syndicat d’extrême droite se déchaîne contre le magistrat espagnol, c’est que ce dernier a été le premier à se pencher sur le passé franquiste. En octobre 2008, il avait commencé à enquêter sur le sort des quelque 100 000 disparus, fusillés puis jetés dans des fosses communes, parmi lesquels le fameux poète andalou Federico Garcia Lorca. Son initiative avait aussitôt provoqué la colère de la droite, mais aussi du parquet, lequel estimait que les crimes franquistes étaient prescrits en vertu d’une loi d’amnistie générale votée en 1977, deux ans après la mort du dictateur.
Selon l’Association pour la mémoire historique, à l’origine de l’ouverture de centaine de fosses communes où gisent les corps de républicains : « Il est incompréhensible que le juge Garzon comparaisse devant un tribunal alors que les milliers de tortionnaires, d’assassins et de délateurs du franquisme n’ont jamais eu à le faire »
Et courent encore ! No Pasaran !