Persécution des femmes en Iran

mis en ligne le 16 septembre 2010
Sakineh, Iranienne, et Esha, une fillette somalienne de 13 ans, sont les cibles d’une misogynie basée sur la théocratie. Pourtant, cette misogynie est bel et bien politique.
L’été dernier, le monde entier était témoin de la révolution du peuple iranien brimé depuis trente ans. En dépit de la censure, de la répression et de la persécution des femmes en Iran, elles étaient au front des manifestations, au premier plan des contestations, en tête et au cœur de ces protestations et donc la cible de toutes sortes de violences de la part de l’état théocrate.
Depuis un an, même si le régime croit et fait croire au monde entier que ces contestations sont amoindries, à cause de la puissance de ses brutalités et cruautés envers les manifestants et le peuple iranien, une chose nous laisse à penser que le régime a peur et vit les derniers instants de son existence.
Depuis un an, il y a eu l’assassinat de Néda sous le regard de millions de personnes, il y a eu l’assassinat de Taraneh, arrêtée dans les rues de Téhéran pendant une manifestation, son rapt, son viol et sa torture, et il y a encore eu l’exécution de Shirine, une jeune Kurde enfermée en prison depuis trois ans pour terminer par la condamnation à mort. Et maintenant, la lapidation de Sakineh…
Par tous ces actes ignominieux, le régime montre à quel point une haine absurde et sans limites le pousse à s’acharner sur les femmes, et cet acharnement est un témoignage évident de sa panique à l’idée de perdre le pouvoir. Les dictateurs théocrates de l’Iran, acculés, ne trouvent plus que la vengeance sur des femmes qui, elles, depuis trente ans, osent remettre fortement en question l’obscurantisme de ce régime et font preuve de toutes les audaces pour se libérer et contester le pouvoir phallocentrique.
Au lendemain de la prise du contrôle de l’Iran par les factions religieuses, cette haine des femmes se montrait déjà en obligeant les Iraniennes à porter le voile, jusqu’à la remise en vigueur de la lapidation via les lois édictées par ces théocrates. La lapidation, cette pratique atroce et moyenâgeuse, provient directement de l’application de la loi islamique de la charia et qui ne vise en réalité que les femmes.
L’application des lois, la production des films, des programmes scolaires et audiovisuels, les spots publicitaires, les slogans politiques, les gardiens des mœurs, les polices spéciales chargées de pourchasser les femmes mal voilées (« mauvais hijab »), les lourdes peines encourues, tout cela concourt à la persécution des femmes iraniennes, tout cherchant profondément à briser leur dignité, car pour ce régime islamiste, fondé sur la charia, la femme est considérée comme différente et sous-humaine.
Une fois encore, confronté à son impasse politique, le régime des ayatollahs cible le corps des femmes. Depuis un an, les rues se sont vues couvertes encore davantage d’affiches et de slogans incitant les hommes au lynchage des femmes mal voilées : « Tu manques d’honneur si ta femme ne se voile correctement, si elle manifeste dans les rues ! », « L’apocalypse se produit lorsque l’homme obéit à sa femme. »
Toute cette propagande sème la terreur en Iran. Ce régime cherche à exporter son idéologie islamiste et misogyne au-delà de ses frontières. Il s’est ainsi allié au Hezbollah et au Hamas et à d’autres mouvements ou gouvernements intégristes. En 2008, la lapidation de la petite Esha, 13 ans, par des islamistes en Somalie et la montée de l’islamisation des corps des femmes d’origine musulmane en Europe ne sont que des exemples.
Cependant, la survie de tels régimes basés sur la terreur et la torture, et méprisant la majorité de leur propre peuple, n’a jamais pu être bien longue. Les femmes qui se révoltent toujours en Iran en dépit des salves extrêmes et destructrices tirées contre elles continuent donc à miner concrètement les fondements du régime. La dé-islamisation du monde commencera certainement par l’Iran.

Anna Pak