D’un con-cept

mis en ligne le 1 janvier 1971

Dans concept il y a con. C'est bien agréable, enfin, quand ça concerne les autres. Le meilleur, celui qui a la cote et qui monte, est bien le concept de la nation-Prolo.
Le premier zigoto qui avança ce pion sur l’échiquier fut Mussolini. Il transposait le refrain de la lutte des classes (qui, au sens large, n'est pas du bidon) en celui de nation-prolo. Entre autres exemples : en bon démago il affirmait que l'avenir de l'Italie résidait dans la révolte contre les « angliches ». En même temps il fermait la gueule au mouvement ouvrier dans son bled. C'était pratique. Et cela permettait au Benito de faire bonne bouille dans ce que les baratineurs appellent aujourd'hui « la lutte des classes à l'échelle internationale » ! Il a fait des petits et des gros, le Mussolini ! Regardez de-ci de-là, partout l'État militarise, codifie ! il assure la cohérence dans les crises de développement... en attendant la prochaine châtaigne mondiale. Heureusement qu'il y a la bombe atomique, sans cela depuis longtemps ce serait parti, mon qui-qui...
Le Benito, donc, avait réussi le tour de force de réunir le nationalisme et le socialisme. Ça a mené où vous savez et ça continue : y'a aussi le national-communisme et demain, pourquoi pas, avec les falsificateurs, le national-libertaire !... Puisque d'aucuns prétendent que l'égalité n'est plus indispensable à la liberté, n'est plus sa garantie.
Qui est contre l'égalité attente à ma liberté, à mon pouvoir sur ma vie ! Qui est pour l'inégalité veut m'exploiter, veut m'aliéner à mon travail, veut m'atteindre ma liberté ! Pour eux, je sais à quoi m'en tenir. Ils sont mes ennemis.
À chacun selon son travail à chacun selon ses besoins. Dans cette société de consommation, les besoins sont immenses, pour ceux qui me côtoient. Plus ils ont d'appétit, plus ils suppriment ma liberté !
Prolétaire, je n'ai que faire des nations prolétariennes, le prolétariat n'est formé que de catégories, celles des exploités à différents degrés. Le tout est de les réunir dans la même catégorie.
L'anti-impérialisme n'est autre chose que l'appel à l'unité nationale, et l'alliance du voleur et du volé, dans une lutte dite contre le sous-développement qui n'existe que dans la mesure où un peuple a de la reconnaissance envers ses maîtres.
Pigez le coup : c'est pas par un hasard si dans tous les patelins, les partis divisés en politique intérieure tombent tous d'accord sur la politique extérieure de leur gouvernement.
C'est ma manière à moi, de verser mes contributions, ou mieux de prendre des actions en sommes à capitaliser dans l' « Entreprise de démolition du Politique ».
La « politique » n'est pas ce qu'elle devrait être, mais ce qu'elle est : du gouvernement !
Quant à ceux qui en font profession, au point de vue de la « moralité », quand ils préparent les soupes populaires, il faut y regarder de très près et voir où ils vont chercher leurs légumes. Leur dite « moralité » est bien en dessous du marchand de veaux de Brive-la-Gaillarde. Au moins, lui, quand il a tapé dans la pogne pour conclure le marché, il respecte au moins la notion de contrat.

Pol Chenard