L’extrême centre en deuil

mis en ligne le 13 octobre 2011
1646MachiavelAu moins, avec Marine ou Jean-Marie Le Pen ou avec tous les nazillons qui leur tournent autour, on sait clairement sur quoi on tape. L’ennemi est clairement identifié et il n’y a aucun compromis possible. Mais dans le cas des centristes c’est une toute autre affaire. « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale », nous dit joyeusement Ortega y Gasset qui pourtant n’en n’était pas à une compromission voire une crapulerie près. Et oui entre les démocrates-sociaux, les sociaux-démocrates, les chrétiens-libéraux, les radicaux que sais-je, c’est un peu beaucoup la purée de pois idéologique, le dogmatisme mou du jarret. Le centrisme c’est le ventre mou, la fange, le marais, rien de bien clair, un peu comme les cathos de gauche, un brouet insipide, sans goût sans saveur et surtout sans les yeux dans le bouillon. Borloo faisait très bien l’affaire, un bien beau représentant, un spécimen hors catégorie qui savait à merveille patauger et se balancer au gré de ses intérêts dans toute cette eau tiède passablement croupie. Malheureusement, les occasions de rire se faisant de plus en plus rares, ça ne va pas s’arranger après sa capitulation en rase campagne sans prévenir. Mais filandreux comme un vieux navet et le charisme d’une endive cuite à l’eau claire revoilà cet ancien avocat de Bernard Tapie, ça impec dans le CV, propulsé dans ce qu’il n’aurait jamais dû quitter : le néant. Et Copé qui n’est pas son copain – en a-t-il d’ailleurs des copains? – à l’instar de toutes les coteries de lèche-culs qui l’entourent s’est immédiatement réjoui en lui donnant le baiser de la mort, l’accolade du Judas de service, jamais autant comblé que lorsque sont à terre tous ceux qui pourraient lui faire de l’ombre.
Pitoyable spectacle que ces marivaudages, que ce théâtre d’ombres chinoises, que ces bestialités et ces violences byzantines qui seront notre spectacle médiatique, à moins d’être un ermite, pendant encore quelques mois. Le temps va s’arrêter et les seuls pôles d’attraction seront de connaître celui ou celle qui l’emportera dans cette élection présidentielle, mère de toutes les batailles disent-ils, et dans laquelle décidément les libertaires n’ont la moindre envie ni le moindre intérêt à y mettre leur museau. Borloo va donc se retrouver à la rue. Nous autres serions bien inspirés d’y être aussi. Sans doute pas pour y faire la même chose. Notre chance serait de ne pas le croiser.