Douze ans de Pacs : c’est reculer que d’être stationnaire

mis en ligne le 24 novembre 2011
1652AmourIl y a douze ans, le Pacs (Pacte civil de solidarité) était adopté en France. Nous autres militants libertaires étions partagés sur l’apparition de ce statut légal, car tout ce qui suggère la légalité à un anarchiste le fait a priori être méfiant. Cependant, face au combat des personnes LTGB (lesbiennes trans gays et bis) pour accéder aux mêmes droits que les autres individus, les articles et prises de positions favorables sur le sujet ont commencé à prendre place dans les colonnes du Monde libertaire, qui considérait que, face à l’obscurantisme homophobe qui régnait en maître en France, il y avait urgence à s’engager auprès des LTGB. Ce sentiment fut renforcé par la longue et âpre bataille qu’il fallut mener pour faire accepter ce statut, le 15 novembre 1999. Nous n’oublierons pas les lamentables propos et comportements des députés homophobes, et surtout l’image de Christine Boutin brandissant et citant la Bible pendant des heures dans l’hémicycle, avant le vote.
Si, douze années plus tard, le Pacs ne fait plus polémique et qu’il convient à beaucoup de couples – et ce, quelle que soit leur orientation sexuelle –, il n’en est pas de même avec le nouveau combat des LTGB concernant l’adoption et l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, comme cela se pratique déjà dans plusieurs pays de l’UE (même si, en tant que militants anarchistes, le mot "mariage" nous hérisse les poils !). En Europe, sept pays accordent d’ores et déjà le mariage (Belgique, Islande, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Espagne, Suède), huit accordent l’adoption conjointe et onze, l’adoption par le second parent. Mais, vu le renforcement des discours et manifestations réactionnaires et homophobes, il est fort à parier que l’adoption et le mariage ne sont pas pour demain en France. On aura donc encore le temps de nous diviser sur le sujet… (Personnellement, le Pacs, s’il était satisfaisant me suffirait bien, ne serait-ce que pour laisser à mon ami de quoi se retourner s’il m’arrivait quelque chose). Mais justement, en douze ans, à part coller rustine sur rustine sur ce statut qui n’en demandait pas tant, les personnes pacsées n’ont rien obtenu d’extraordinaire, sinon de pouvoir partager leur mutuelle ou de payer en commun leurs impôts. Des droits mineurs, en somme, comparés au statut matrimonial.
Or, les personnes LTGB considèrent qu’aujourd’hui tous les projets de couple et niveaux d’engagement de chaque statut proposé doivent être différents et qu’en fonction de leurs philosophies de vie, elles doivent pouvoir opérer un choix entre des statuts bien distincts : concubinage, Pacs, voire mariage. Elles veulent également pouvoir sécuriser la situation de leurs familles et/ou avoir le droit d’adopter conjointement l’enfant de leur conjoint. Enfin, les lesbiennes, comme d’ailleurs toutes les femmes, mariées ou pas, doivent pouvoir bénéficier des traitements de fertilité (assistance médicale à la procréation). Étant donné la recrudescence d’agressions homophobes en France, il serait urgent et salutaire de considérer enfin les personnes LTGB comme des individus à part entière. Il reste un énorme travail d’information et d’éducation pour faire évoluer en profondeur les mentalités pour le respect des différences. Un combat d’émancipation auquel les anarchistes ne peuvent pas ne pas s’associer !