Je ne suis pas un home, je suis Cantonna

mis en ligne le 19 janvier 2012
La question du logement risquerait-elle d’être un caillou dans les Weston des principaux candidats de la campagne électorale présidentielle qui commence à se mettre en place ? Il est à souhaiter que oui. À supposer que cette campagne, je dis bien à supposer, passionne les libertaires, force est de constater que dans les mois qui viennent, il n’y aura fort peu de place pour l’action sociale. C’est bien dommage, mais toute l’espace va être pris. Un coin de mur pour une affiche, un tract de plus, une grève par-ci par-là. Va falloir se lever de bonne heure. Mais bon, la question du logement n’est pas de celle qu’il faut ignorer, et non seulement en période préélectorale mais au quotidien.
À tort ou à raison, la tentative de candidature d’Éric Cantona risque bien d’en embarrasser quelques-uns. On peut penser ce qu’on veut du football en général, et de cet ancien footballeur en particulier, sans doute un peu millionnaire, de ses provocations, en particulier vis-à-vis des banques, et de son coup de pied légendaire sur un supporter adverse et un peu d’extrême droite, mais visiblement son initiative agace un peu. Quand on constate que huit millions d’habitants en France, qui rappelons-le est un des États parmi les plus riches du monde, rognent sur leur dépense de chauffage, et promis juré le prix du gaz va bientôt augmenter, on peut se féliciter qu’enfin une promesse va être tenue. La saison n’est pas aux expulsions, trêve hivernale oblige, il va falloir « patienter » jusqu’à mars. D’ici là, les flots d’insanité et d’ordures commencent tout juste à se déverser. Pouvait-on s’attendre à moins Le Fondapol tiens ! Vous connaissez le Fondapol ? Jusqu’à hier moi non plus. Sans rire, c’est la Fondation pour l’innovation politique, prière de ne pas s’étouffer avec la galette, son responsable furibard s’étrangle sans sourciller : « Que des personnes puissent tenter leur aventure parce qu’elles ont de la notoriété et faire signer 500 élus, c’est un dévoiement complet de l’élection présidentielle ». Et alors mon pépère t’as pas l’air de te rendre bien compte que les voyous ne sont pas là ou tu crois, et que tu serais mieux inspiré de te regarder dans une glace. Plus officiel mais là aussi totalement irresponsable c’est le ministre François Baroin qui a dégainé en déclarant préférer « le Cantona qui s’occupe du logement que le Cantona qui proposait aux Français de liquider leurs avoirs dans les banques pour provoquer un désastre ». « Il y a une politique, elle est déterminée, elle a permis beaucoup d’avancées. C’est un mandat, le quinquennat, qui a permis de construire beaucoup plus de logements, notamment de logements sociaux, que les quinze dernières années ». La loi SRU qui contraint les villes à détenir 20 % de logements sociaux sous peine d’amende a dû lui passer complètement au-dessus de la tête quand on sait que de nombreuses municipalités, en particulier les plus huppées, préfèrent raquer et ne rien construire plutôt que d’avoir des pauvres ou des traîne-savates sous leurs fenêtres à double-vitrage. Dans l’ignominie et l’ordure, on préférera l’institut Turgot, soutenu par Claude Bébéar, gauchiste bien connu, qui s’autofélicite d’être un cercle de réflexion libéral francophone de référence. Ce machin-là tente de casser la baraque parce « qu’enfin une réforme fiscale générale plus favorable à la détention et à la formation de capital favoriserait sans nul doute l’investissement locatif qui redeviendrait […] un placement à rendement faible mais pas ridicule, et un peu risqué ». N’est-ce pas ! D’ailleurs, en parlant de détention, il y a des maisons pour ça, même que ça règle une partie du problème du logement. Il y a peut-être encore une petite place pour ces messieurs !
En attendant, Cantona va essayer de leur mettre un penalty dans la lucarne. Wait and see.