Ubuesques pantalonnades

mis en ligne le 20 septembre 2012
1681ValereLa pièce de théâtre qui se joue depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République, sur la scène nationale, est programmée pour cinq années. L’acteur principal en est ubuesque. Il est assisté par toute une valetaille de palotins (ministres) et autres commensaux, fats, caricaturaux et arrogants qui vendent le jus de leur crâne à prix d’or. Cette mauvaise pièce, qui se joue actuellement sous nos yeux, est malheureusement la triste réalité. Et nous assistons, silencieux, comme anesthésiés, à la spoliation de toutes les richesses que nous créons et qui devraient être nôtres. Nous subissons d’une manière passive la destruction de nos vies et, surtout, la mise en place d’un pouvoir plus répressif et policier que jamais. Cette pièce pourrait s’intituler Le Double Jeu, tant les paroles des acteurs sont en contradiction avec leurs actes. Nous sommes dans l’absurde et l’irrationnel.

Premier acte : le temps des promesses
Il a vu fleurir des mots séduisants et racoleurs de la part de notre Ubu président, comme : « Je suis un ennemi déclaré de la finance et je taxerai, à hauteur de 75 %, tous les revenus au-dessus d’un million d’euros par an. » C’est très certainement pour cela que le président du changement a invité à sa table ses amis du CAC 40, dont certains sont très proches de lui. On peut prédire sans se tromper que, lors de ces agapes, le plat de résistance sera : vous supprimez cette taxe et nous nous engageons à réduire les licenciements. Déjà, le 11 juin dernier, le président les avait reçus, mais c’est la première fois que la chose est rendue publique. Cela ne laisse présager rien de bon. Il est grand temps que le peuple s’invite a la table élyséenne, non pas pour négocier quoi que ce soit, mais pour exproprier les squatters, car, s’il attend un carton d’invitation, il peut patienter longtemps.

Second acte : la main tendue au patronat
Où son palotin de Premier ministre est-il invité ? À l’université d’été du Medef. Il y fera un discours dans lequel il annoncera que cette taxe à du plomb dans l’aile, pour ne pas dire qu’elle ne verra jamais le jour. Seuls les travailleurs seront grugés dans cette affaire, car les licenciements continueront à pleuvoir comme à Gravelotte. Comme un palotin ne suffisait pas, un autre est venu rassurer le patronat quant aux intentions du pouvoir socialiste. Il s’agit de l’innommable ministre du Renoncement improductif, le bellâtre Montebourg, qui leur a susurré les mots qu’ils souhaitaient entendre.

Troisième acte : les Roms
Au mois d’août 2011, les socialistes ont fustigé avec beaucoup de véhémence la façon dont le précédent gouvernement de droite avait traité les Roms. Aujourd’hui qu’ils sont aux affaires, le président et Valls, son palotin de ministre de l’Intérieur, ne font pas mieux et n’ont pas plus de respect envers ces hommes, ces femmes et ces enfants. Depuis le début de l’été, ils ont procédé à cinq expulsions de campements. Après les expulsions de Hellemmes, de Villeneuve-d’Ascq, de Lyon, de La Courneuve et de Marseille, au moment où j’écris cet article, à Evry, dans le fief du ministre de l’Intérieur, se déroule, ce matin du 27 août, une nouvelle évacuation de Roms. C’est l’escalade. Où et quand vont-ils s’arrêter ? Nous sommes aux antipodes des promesses hollandistes de campagne électorale, lorsque l’« encore » candidat écrivait : « Je veux lutter sans concession contre toutes les discriminations et ouvrir de nouveaux droits. » Encore une promesse qui s’envole et gageons que, avec l’automne qui pointe le bout de son nez, bien d’autres promesses s’envoleront.

Quatrième acte : insulte aux libérateurs
Le 25 août 2012, le maire de Paris, Delanoë, un autre palotin hollandiste, a rendu les honneurs aux libérateurs de Paris les « républicains espagnols » de la colonne Dronne, autrement dit à la 9e compagnie de la 2e division blindée, la Nueve. À cette occasion, il a fait donner la police, qui a interpellé et embarqué les anarchistes présents à cette cérémonie, sous le motif qu’ils brandissaient des drapeaux noirs et des drapeaux noir et rouge. À ce qu’ont dit les policiers, sous le régime du Hollandais, on ne peut pas sortir les drapeaux noirs et les drapeaux noir et rouge dans la rue, sans une autorisation de la préfecture. Ce qui s’est passé est une double insulte à la mémoire des soldats de la Nueve, dont beaucoup étaient anarchistes. Ceux que la police française a interpellés ce 25 août 2012 étaient leurs enfants et petits enfants. Ce qui s’est passé ce jour-là à Paris, sous la férule de Delanoë, est une grave atteinte aux libertés fondamentales et une insulte à la mémoire des anarchistes et des républicains espagnols.
Souvenez-vous 1936 et la non-intervention en Espagne, qui a permis aux troupes de Franco de massacrer les Républicains espagnols et d’anéantir le Front populaire. C’était sous le gouvernement socialiste de Léon Blum ; puis, entre le 12 avril 1938 et le 11 mai 1939, c’est Daladier, un autre socialiste, qui est au gouvernement et qui, par son inaction, a permis à Franco de liquider le Front populaire espagnol et de prendre le pouvoir, avec l’aide de Mussolini, de Hitler et des soviétiques. L’histoire, à ce que l’on dit, ne se répète jamais deux fois de la même manière mais, quelque part, il y des similitudes. Je vous le dis : attention, danger ! Nous sommes sur la mauvaise pente !