Une guerre mensongère de plus : terrorisme d’État et pillage des ressources au Mali

mis en ligne le 30 janvier 2013
Nous sommes mis en demeure de choisir notre camp. D’un côté des religieux armés qui rêvent d’établir le royaume de Dieu sur terre, de l’autre des forces armées techno-capitalistes qui déclarent venir rétablir les droits de l’homme et, au milieu, une population désarmée. C’est d’elle que nous nous sentons solidaires. Il n’existe pas de guerre juste ni de guerre propre. L’union sacrée autour du président va-t-en-guerre François Hollande, l’empressement de l’opération offensive et les discours médiatiques contrôlés, le renforcement du plan Vigipirate, le climat national anti terroriste, visent à nous bourrer le crâne sur le caractère inévitable de cette guerre et à la légitimer. En réalité les intérêts économiques aux relents colonialistes priment de loin sur les vies des populations locales. Les djihadistes ont été très utiles au pouvoir français pour intervenir le 11 janvier 2013.
La classe dirigeante malienne corrompue jusqu’à l’os, la France, l’Union européenne, les instances financières internationales (FMI, Banque mondiale, OMC) ne se sont pas souciées du profond délaissement économique, social et culturel de la population laissant place maintenant à l’urgence militariste. Pendant de longs mois ce fut la porte ouverte aux recrutements en nombre par les jihadistes au Nord-Mali par nécessité économique (jeunes chômeurs, voire des enfants). Il n’est pas exclu que l’intervention de la France, ancien pays colonisateur, renforce les groupes djihadistes par le biais d’une mobilisation et de recrutements qui prendraient une dimension emblématique de lutte contre l’Occident. À trop jouer la « croisade contre le terrorisme international » le boomerang islamiste intégriste n’est jamais loin. L’expérience de l’enlisement de la guerre en Afghanistan n’a pas servi de leçon bien que la France y ait participé.
La coopération militaire avec la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et les deux bases militaires d’Abidjan et de N’Djamena prouvent s’il en est besoin que la France n’a jamais voulu quitter cette région. Les troupes stationnées en Afrique n’y sont pas pour maintenir la paix mais bien pour intervenir rapidement et garantir les intérêts de grandes entreprises françaises de premier plan (Areva et son uranium, Total et son pétrole, Bouygues et Bolloré et leurs travaux publics, leur mainmise sur les ports et les bois précieux, Orange et ses infrastructures de télécommunication). Le gouvernement français, appuyé par l’Union européenne, semble décidément ne pas vouloir se défaire de ses réflexes colonialistes, ni des avantages que cette politique procure aux industriels français. Se draper de valeurs démocrates pacificatrices et de défense des droits des peuples d’Afrique… et on atteint le comble du cynisme néocolonialiste. Le secteur industriel de l’armement rapporte bien plus que n’importe quel autre (plus que le pétrole ou même le nucléaire). Le marché du nucléaire est autant un marché civil que militaire. Les groupes marchands d’armes comme Lagardère ou Dassault sont propriétaires d’une grande partie de la presse d’opinion française… on comprend mieux pourquoi le discours antimilitariste n’a que peu droit au chapitre dans nos médias.
Après plus d’une semaine d’intervention, près de 200 000 réfugiés fuient les zones de guerre en direction des pays voisins tandis que le Programme alimentaire mondial estime que, dans le contexte actuel de sécheresse et de famine, 5 à 7 millions d’habitants du Sahel auraient besoin d’une assistance immédiate. 230 000 personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays. Face aux attaques des armées malienne et française au sol, les forces djihadistes adaptent leur stratégie et se cachent dans les villages. Au milieu, les populations vulnérables seront tôt ou tard les véritables victimes de ces conflits et en particulier les femmes et les enfants. Les risques de conflits larvés entre les communautés sont grands… la division, la stigmatisation sont à l’œuvre. Comment seront traités la majorité de touaregs n’ayant pas pris les armes ? et les Peuls qui n’ont pas intégré le Mujao ?
La guerre va coûter cher et durer longtemps. L’intervention militaire française est estimée à environ 400 000 euros par jour. La Mission internationale de soutien au Mali (Misma) qui va arriver coûtera 240 millions de dollars par an. Alors que la misère règne, les cordons de la bourse se relâchent quand il s’agit d’aller tuer avec des armes. De telles sommes trouveraient une légitimité dans l’amélioration des structures sanitaires et sociales dans la région du Nord-Mali. Cela serait la preuve d’une volonté de reconstruire à partir de l’existant. Seule la population malienne peut le faire sur la durée. Ce conflit armé d’envergure ne fera que repousser l’espoir d’un retour à un équilibre et d’une amélioration de la situation.
Pour continuer à exister en Afrique, le terrorisme d’État français fait la guerre au Mali et peu importe le nombre de victimes directes ou indirectes (37 otages tués, 29 assaillants abattus à In Amenas en Algérie). Les populations manquent cruellement de politiques sociales, éducatives et culturelles responsables mais au lieu de ça les classes dirigeantes là-bas et ici se lancent dans un conflit à l’issue plus qu’incertaine. Les pays européens emboîtent le pas et suivent la cadence. Ni les Maliens ni les habitants des autres pays africains ne pourront s’émanciper par eux-mêmes tant que le statu quo sous tutelle colonialiste sera la règle. Qui va reconstruire le pays une fois le conflit terminé ? Gageons que les entreprises françaises se tailleront la part du lion… Nous refusons que cette guerre soit menée en notre nom.
Solidarité avec les populations victimes de cette guerre ! Paix immédiate au Mali et dégage la Françafrique !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


demoniux

le 31 janvier 2013
Certes, le gouvernement français s'est engagé dans cette guerre pour des raisons avant tout mercantiles, cela va de soi...Cependant les populations maliennes sous le joug de ces djihadistes barbares vivent un vrai cauchemar depuis de longs mois. Savez vous qu'au nom de la charia, ces monstres barbus que vous qualifiez simplement de "religieux armés" coupent les oreilles des femmes non-voilées? Où est la dimension religieuse là-dedans? Par pitié arrêtez de faire des amalgames entre religion et fanatisme!
Et je vois mal comment nous pourrions exprimer notre solidarité avec ces populations si ce n'est en leur venant en aide! En invoquant la Vierge Marie? En attendant que ces criminels parviennent brusquement à l'illumination et deviennent de gentils bisounours? Si j'étais une malienne, quitte à choisir, entre la barbarie et le néo-colonialisme je choisirais la 2nde option!

ps3

le 10 février 2013
Les choses ne sont pas ce qu' elle semble etre!