Si mon corps te fait bander, bande tes yeux !

mis en ligne le 11 mars 2015
1769FeminismeVendredi 13 février 2015, un vendredi noir de plus s’ajoute à l’innombrable série des violences faites contre des femmes en Turquie. Le corps d’Özgecan Aslan (20 ans) est retrouvé en partie brulé, deux jours après le signalement de sa disparition, à Mersin, dans le sud-est de la Turquie. Elle aurait été battue à mort alors qu’elle se défendait du viol dont elle était victime. Le 4 février en France, une étudiante de 22 ans a été violée dans le compartiment d’un train qui la ramenait à Melun, sous les yeux de nombreux voyageurs, personne n’a bougé. Les médias ne prêtent pas d’importance aux viols, ce ne serait que des faits divers.
Ce 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la Marche Mondiale des Femmes a démarré sa quatrième action internationale. Avec le slogan « Nous resterons en marche jusqu’à ce que toutes les femmes soient libres », des femmes des 96 pays dans lesquels le mouvement est présent s’organisent pour continuer à dénoncer les causes qui oppriment et discriminent les femmes dans le monde entier. En même temps, dans les cinq régions, à travers un processus de formation politique féministe, un travail est mené afin d’identifier les menaces dont souffrent les femmes de chaque région, ainsi que pour construire collectivement les alternatives nécessaires pour édifier un monde plus juste. Cinq thématiques d’action : 1) justice climatique – souveraineté alimentaire, 2) violences contre les femmes, 3) montée des extrêmes – extrême droite et extrémismes religieux, 4) migrations et mondialisation, 5) travail des femmes et autonomie financière. Ce 8 mars, comme célébration du début de l’action, des militantes de tous les coins de la planète prennent les rues, élèvent leurs voix, leurs banderoles et jouent de la batucada pour une idée commune : « Nous restons en marche. »
Les féministes européennes donnent le départ de l’action internationale en appuyant les femmes Kurdes qui souffrent de la violence et de la militarisation qui se vit dans la zone d’une double façon : d’un côté, par le gouvernement turc, qui ne reconnaît pas leur droit à l’autodétermination, ni leur autonomie sur le territoire ; de l’autre côté, par l’intégrisme religieux de ce qui est appelé l’« État islamique », qui terrorise les populations de la zone, et atteint systématiquement les femmes, les dépouillant de tous leurs droits. Des centaines de femmes, de différentes parties du continent européen et d’autres continents, se sont réunies dans la ville turque de Nusaybin, au bord de la frontière syrienne, pour montrer leur appui aux femmes en lutte qui résistent chaque jour à la violence à laquelle elles sont exposées. Comme au début de l’histoire du 8 mars, les cris et les pas de cette lutte font toujours écho dans les rues du monde entier. Cette force révolutionnaire qui luttant contre les inégalités, le sexisme et toutes les sortes de violences, continue de grandir aujourd’hui et poursuit son chemin pour défendre toutes les valeurs humaines.
Ce début est également celui de la caravane féministe européenne qui parcourt le continent européen, depuis la Turquie jusqu’au Portugal, durant sept mois. Pendant tout ce temps, seront organisées de nombreuses activités, marches, rencontres avec des groupes de femmes, etc.
Cette journée du 8 mars, à Paris, était festive : des femmes de divers pays étaient au rendez-vous, des kurdes bien sûr pour dénoncer le féminicide, des turques aussi, des tunisiennes, des marocaines, des algériennes, des iraniennes, des irakiennes, des panafricaines, notamment. Mais aussi les Femens enchainées et enfoulardées par les religions pour toutes les dénoncer, les Lesbians of Color en colère contre les meurtres de leurs soeurs, aux côtés des mouvements et associations féministes et pro-féministes qui s’engagent dans la marche mondiale des femmes de 2015, dont le Collectif national pour les droits des femmes, la Maison des femmes de Paris, Encore féministes, le Rajfire, Femmes pour le dire-Femmes pour agir, les Chiennes de garde, Femmes solidaires, le Collectif féministe contre le viol, Zéromacho, le MFPF, Africa, l’Inter-LGBT (du moins en partie), et Femmes libres sur Radio libertaire qui arborait sa bannière toujours très photographiée.
Bien sûr, qu’une journée de solidarité ne suffit pas pour abattre le système de domination patriarcal qui conditionne nos vies mais les féministes et les pro-féministes savent qu’elles et ils ont à mener une lutte quotidienne dans tous les champs sociaux, économiques et politiques. Résistance et liberté ! Car un autre monde est possible !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


la pulga

le 13 mars 2015
Bravo les filles !! Je crois que si le monde doit finir par évoluer vers du mieux, c'est par vous que ça viendra, et aux 4 coins du globe. A l'heure actuelle, les victimes prioritaires du monstre à 2 têtes ( capitalisme+religion), ce sont les femmes.