Saboter le service public du fret ferroviaire pour mieux le privatiser

mis en ligne le 1 octobre 2009

Le gouvernement et la direction de la SNCF viennent de dévoiler un énième « plan fret », annoncé comme étant celui de la dernière chance. De la chance, il en faudra beaucoup au fret ferroviaire pour rester debout tant depuis une dizaine d’années les multiples « plans de relance » qui se sont succédé ont cherché et réussi et à lui briser les jambes au grand profit du transport routier et des sociétés ferroviaires privées.
Les plans de développement du fret ferroviaire sont parvenus à faire baisser d’environ 50 % le trafic fret de la SNCF (de 55,4 Gtk en 2000 à une prévision de 27,5 Gtk en 2009, 10 % étant récupéré par les entreprises privées de chemins fer et 40 % basculant à la route), le tout en moins de dix ans (cf. tableau).
Le dernier plan en date, concocté par le gouvernement, via son ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo et le patron de Fret SNCF Pierre Blayau (PDG de Geodis et ex-liquidateur de Moulinex, cf. Monde libertaire n° 1519 du 5 juin 2008), parachève l’œuvre de sabotage du service public de fret ferroviaire :
– suppression de plus de 60 % du trafic de wagon isolé (par opposition au train entier) ;
– fermeture des derniers triages et de plusieurs dépôts ;
– de 6 000 à 8 000 suppressions de postes de cheminots à Fret SNCF, sans compter les conséquences sur l’activité et l’emploi dans les autre filières ;
– éclatement de la branche fret de la SNCF en une multitude de filiales de droit privé, appelées Frégate ; les deux premières constituées regrouperont le transport combiné (conteneurs) et les produits agricoles ; les deux autres, charbon-acier-chimie et automobile, suivront.
L’ensemble de ces filiales regroupera à moyen terme la totalité du trafic de la SNCF, qui, en tant qu’établissement public industriel et commercial (Epic), n’aura plus d’activité fret, tout ayant été transféré au sein du groupe SNCF, groupe de près de 400 sociétés et par ailleurs premier affréteur routier en France. Bien entendu, les cheminots ayant vu leurs postes supprimés et se voyant contraints d’accepter d’être détachés dans ces filiales de droit privé et de capital SNCF (pour le moment) devront abandonner leurs conditions de travail régies par le RH077 pour se voir imposer le Code du travail et la convention collective de la branche ferroviaire. C’est le retour du « volontariat », cette fois-ci imposé, contre lequel les cheminots s’étaient battus avec succès en novembre de l’année dernière.
La SNCF propose même à ses cadres en sureffectif dans les structures du fret de créer des entreprises ferroviaires locales privées, étant même prête à leur donner une mise de départ et à leur garantir une possibilité de retour dans l’entreprise en cas d’échec.
Dans le cadre de ce grand chambardement, la direction de la SNCF a déjà tout planifié ; même l’embauche, à soixante-trois ans, d’un « monsieur restructuration » spécialisé dans les restructurations industrielles. Un « monsieur restructuration », ancien permanent CFDT. C’est la suite du projet « Destination 2012 » de doublement du chiffre d’affaires de la SNCF, dont le chargé de mission était un ancien permanent CGT.
Manifestement, la direction SNCF aime bien les militants syndicaux, surtout quand ils ne sont plus militants, surtout quand ils ne sont plus syndicalistes, et qu’ils acceptent de travailler à la mise en œuvre des directives patronales et gouvernementales ! Et c’est dans ce contexte qu’est proposé aux organisations syndicales un accord pour améliorer la rémunération et le déroulement de carrière des permanents syndicaux !
Dans ce contexte, la mobilisation unitaire des cheminots et de leurs fédérations syndicales est aujourd’hui difficile, le 22 septembre, à l’occasion de la présentation du plan fret devant le comité central d’entreprise de la SNCF, seule SUD Rail était présente et avait appelé à la grève et à un rassemblement devant le siège regroupant plus de 300 cheminots avant de rejoindre la manifestation des postiers en grève contre la privatisation annoncée de La Poste.
Les travailleurs des services publics menacés de privatisation et de filialisation ne doivent pas se trouver isolés dans leurs luttes. à l’image des salariés de Continental, Goodyear, Ford... il est nécessaire de se rassembler et d’œuvrer à la convergence des luttes en développant des solidarités et des nouvelles formes d’organisation et de lutte échappant aux contrôles des bureaucraties syndicales.
La réappropriation des services publics et des entreprises par les salariés et les usagers et leur gestion sur des bases égalitaires et libertaires constituent une proposition que les anarchistes s’emploient partout à populariser et à construire.




COMMENTAIRES ARCHIVÉS


aude

le 28 mai 2014
Je ne sais pas trop ce qu'il en est pour le fret ferroviaire mais pour le transport routier les sociétés sont quasiment toutes privées et confrontées à une très grande concurrence déloyale des pays étrangers !

Aude de www.tlbc.fr