Balles perdues pour chou-rave

mis en ligne le 9 septembre 2010
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Tandis que se poursuivent les expulsions de campements roms et autres cochoncetés d’État, fruits pourris d’un racisme devenu doctrine officielle, Hortefeux-nouille et ses compères engraissent le pire de nos Dupont, arrosant d’amalgames puants l’assemblée au comptoir. Il y aurait ainsi, selon le suant rouquin, « un vol sur cinq à Paris commis par un Roumain ». Et quand bien même, dites-vous ? Mais c’est que tout s’explique, qu’enfin Dupont sait qui, par une nuit sans lune, lui chipa les deux roues avant ainsi que les tapis de sol de son sinistre véhicule. Pauvre bougre trop longtemps floué par les tenants de la bien-pensance, il n’en est pas moins satisfait de voir se confirmer quelques convictions ramassées au rebord du caniveau : non content d’être sale, fainéant et sournois, le Rom est voleur. C’est sa nature. « Comme tous les Arabes », a dû se retenir d’ajouter Hortefeux, se mordant les lèvres jusqu’au sang. Quoi qu’il en soit, le garçon risque de devoir remiser, pour un temps, son xénophobisme latent : figurez-vous qu’il s’est comme qui dirait découvert une vocation d’édile, et compte se présenter aux prochaines municipales. Où donc Hortefeux-nnec briguera-t-il son premier mandat ? À Vichy. Ça ne s’invente pas. « Ma famille, mes racines sont ici », précise le bougnat. Depuis 1943 ?
Mais quelques voix s’élèvent, au sein même du gouvernement ! Ainsi l’ineffable Kouchner tapa-t-il de ce poing qu’il a tout rachitique sur sa table de futur ex-ministre, expliquant au sujet des Roms : « Je ne suis pas content », précisant qu’il avait, sic !, « profondément pensé à démissionner ». Mais finalement, non, profondément ou pas, car « s’en aller, c’est déserter ». Pas de chance, personne n’était là pour lui rappeler que dans le cas présent, rester revient à collaborer. Que cent poignées de cendres se répandent sur son crâne ! Cependant Kouchner-de-bœuf a beau faire des efforts, dans le registre des contorsionnistes et triturés du bulbe, jamais il n’arrivera à la hauteur des talons d’Amara, Fadela : « Je suis contre les expulsions de Roms, j’ai toujours milité contre les expulsions », balance la pourtant toujours membre d’un gouvernement qui compte bien continuer de les multiplier. Ensuite, ménageant la chèvre et le chou-rave qui trône à l’Élysée, Amara-d’eau-de-la-Méduse s’oblige à préciser qu’elle « adhère à la logique du président de la République : nos parents n’ont pas immigré pour que leurs enfants basculent dans la délinquance ». Où l’on retrouve, comme en passant, l’hortefesque amalgame qui lie immigration et délinquance. Que mille tuiles s’abattent sur les chaussures de l’Amara !
Cet été en forme de retour du Nacht et du Nebel réserva néanmoins quelques bonnes surprises : par exemple, des soldats français ont tiré sur d’autres soldats, également français. On appelle ça des « tirs amis », et il y a là de quoi faire fantasmer tout un troupeau d’autruches : en Afghanistan ou ailleurs, bousillez-vous les uns les autres, Terminators de pacotille, techno-troufions de mes deux ! Pendant ce temps-là, au moins, vos erreurs de tirs ne risquent pas de faire disparaître tel ou tel village millénaire, habité de paisibles gens. Puis, avec un peu de chance, une de vos balles perdues viendra peut-être se ficher dans le réservoir d’on ne sait quel hélico présidentiel ?