Météo syndicale

mis en ligne le 12 mai 2011
« L’annonce par le président de la République et le gouvernement de la mise en place d’une prime est une manière de reconnaître qu’il y a un problème de pouvoir d’achat. Du coup tout le monde en parle et il vaut mieux parler de cela que des questions d’immigration qui peuvent vite conduire à des commentaires nauséeux. Mais en parler ne suffit pas à régler le problème surtout dans le cas présent. La prime en question pose plus de difficultés qu’elle n’en résoud. Prime obligatoire ? Elle le serait dans des conditions à négocier dans les entreprises de plus de 50 salariés où il existe des dividendes versés aux actionnaires qui augmenteraient d’une année sur l’autre ! » Ainsi Jean-Claude Mailly, secrétaire de Force Ouvrière, mettait-il son grain de sel dans son édito du 17 avril.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le miroir aux alouettes a été dénoncé tous azimuts. Entre-temps, il y a eu les défilés du Premier Mai qui furent plus qu’éparpillés, disons carrément pas à la hauteur des espérances.
Comme ça François Chérèque, secrétaire de la CFDT pouvait répéter à l’envi dans la manif parisienne : « Le syndicalisme c’est pas descendre dans la rue mais signer des accords. » Ce n’est pas entièrement faux mais plus qu’incomplet ! Avec Force Ouvrière le matin jusqu’au Père-Lachaise et Bernard Thibault « retenu » par un lumbago, on aura fait le tour…
« Je suis un délégué, un militant, je ne suis pas un délinquant, je ne suis pas un criminel. » C’est ce qu’avait dit Xavier Mathieu, l’ex-porte-parole des Continental après son refus de se soumettre aux tests ADN. La semaine dernière, il a été convoqué au tribunal correctionnel de Compiègne. Un mois de prison avec sursis a été requis. On y reviendra. « Non à la criminalisation des luttes. » était inscrit sur la banderole.
Mercredi 4 mai, un inspecteur du travail s’est suicidé dans les locaux de la direction générale du travail en se jetant du cinquième étage. Secrétaire général de SNUTEFE-FSU, Luc Béal-Ramaldy était impliqué dans le mouvement des sans-papiers. L’ambiance dans son ministère, son malaise face aux restructurations l’ont emporté sur la raison de vivre…
À la SNCF, il y a eu deux suicides en quinze jours. Un sur le chantier de Corbeil-Essonnes, un second à Granville dans la Manche. Toujours les conditions de travail, les mutations forcées. Comme on dit au niveau syndical « les directions sont en responsabilité ».
Toujours à la SNCF, ce qu’on appelle « l’affaire des vigiles » est devant la justice. Il s’agit de travail au noir de sans-papiers pour le gardiennage. Onze entreprises sous-traitantes ont donc comparu devant le tribunal de grande instance de Paris pour « délit de travail dissimulé par dissimulation d’activité en minorant les déclarations sociales » et « absence de déclaration préalable à l’embauche ». Le syndicat Sud-Rail a été partie prenante depuis 2008 de la dénonciation de ces « agissements ». La machine a été vaincue pour un temps. Le jugement a été mis en délibéré au 29 juin. Le ministère public a requis des peines allant jusqu’à six mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Mais quid des cotisations à l’Urssaf ? Affaire à suivre et pas seulement pour la jurisprudence !
Quand on a deux casquettes on aurait tort de se gêner. Xavier Bertrand, ministre du Travail est aussi maire de Saint-Quentin dans l’Aisne. Il vient simplement de tout mettre en branle pour expulser l’union départementale CGT de l’Aisne et l’union locale de Saint-Quentin des locaux que la ville leur a attribués depuis des lustres en leur proposant des choses inadéquates. Il aurait même demandé un avis d’expulsion sans attendre la décision de justice en appel. Pour un syndicalisme indépendant de l’État et des partis !