Cucurbites ? Assez ! De quelques considérations sanitaires, scientifiques, économiques et médiatiques entremêlées

mis en ligne le 23 juin 2011
Au cours des sempiternelles résurgences de discours inspirés par l’« écologie profonde » (deep ecology), il n’est pas rare d’entendre – y compris malheureusement au sein du mouvement anarchiste – que la nature est bonne et munificente, que tout ce qui est naturel s’avère bénéfique, que l’artificiel ne produit que dangers et menaces, et que ce sont les humains, leur science et leurs technologies qui pervertissent ce bel équilibre, cette harmonie de la nature. La nature est prodigue pour qui sait la respecter, pour qui sait se montrer humble à son encontre. Il s’agit là d’une conception miséricordieuse de la nature… Les tremblements de terre et tsunamis qui déciment à qui mieux mieux, le virus HIV et ses 30 millions de morts, l’onchocercose (cécité des rivières) qui touche 37 millions de personnes en les rendant aveugles, essentiellement en Afrique, le paludisme et ses plus ou moins 3 millions de morts annuels, principalement des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes 1, et tellement d’autres exemples, tout cela ne suffit pas à balayer définitivement de telles fadaises des cervelles les plus conformistes, ou les plus vides… Les adorateurs de la nature comprise comme une entité quasi consciente et bienfaisante, voire bienveillante, en sont encore une fois pour leur frais : rien de plus naturel que le colibacille Escherichia coli O104 : H4 qui, en compagnie de la cucurbitacée espagnole accusée d’en être le vecteur, a récemment défrayé la chronique – prenant ainsi la place de DSK dans le tourbillon médiatique. Il ne s’agit en aucun cas d’un OGM (organisme génétiquement modifié), simplement d’un « ONGM » (organisme naturellement génétiquement modifié). Les colibacilles sont présents dans la microflore commensale de l’intestin des mammifères 2 et sont généralement d’une totale innocuité pour les porteurs. Mais il arrive qu’ils deviennent pathogènes quand ils entrent en contact avec un autre hôte ou qu’ils incorporent de nouveaux gènes – en l’occurrence codant des toxines – par un mécanisme appelé transfert horizontal de gènes, courant chez les bactéries. O104 : H4 fait partie de ces souches dangereuses, bien qu’avec moins de 40 morts, on ne puisse pas en faire un tueur en série comme dans le scénario alarmiste que les médias ont apporté sur les plateaux (de télé ou de hors-d’œuvre).

Les médias dans le lisier
Les médias de masse (principalement la télévision) ont fait leurs choux gras avec le concombre andalou. Avant de se raviser, de s’interroger – attention, roulement de tambours – à propos d’autres légumes, avec de grandiloquents effets de manches et en usant d’expressions aussi débiles que « le mystère de la bactérie tueuse ». (Parle-t-on de « virus tueurs » à propos des virus de la grippe qui, chaque année, font en moyenne un millier de morts en France ?) Et pour revenir à ces maladies évoquées ci-dessus, ces maladies que l’on sait soigner ou dont on sait largement diminuer l’impact par des mesures de prophylaxie vaccinale ou d’hygiène élémentaire 3, mais que l’ordre économique mondial empêche de mettre en place, constatons que ce ne fut que silence et oubli. À l’occasion de ce qui n’apparaît finalement que comme un dysfonctionnement passager de nos systèmes de protection agrosanitaire, qui nous mettent, nous Occidentaux, largement à l’abri, a-t-on entendu parler du paludisme, la plus importante parasitose qui soit, ou de l’onchocercose, ou tout « simplement » de la famine et de la malnutrition quasi endémiques qui, selon la Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), ont affecté 925 millions d’individus en 2010 4 ? S’est-on offusqué, dans nos télés hypnotisées par DSK et consorts, de toutes les calamités maîtrisables qui impactent chroniquement et massivement les pays pauvres ? Non, c’est ainsi : les maladies des gueux du tiers-monde n’attisent jamais, ou si rarement, l’attention des médiateurs de l’information de nos contrées, si prompts, cependant, à défaillir quand une micro-épidémie vient frapper nos gras pays.

La télé, degré zéro de l’information
Soit, mais cet événement à la couverture médiatique disproportionnée aurait pu servir de prétexte pour évoquer, expliquer, rendre compte des énormes problèmes afférents à l’agriculture capitaliste. Mais comment envisager cela quand la pratique journalistique standard est de préférer gaspiller l’attention du public avec des termes dignes de gazettes sensationnalistes s’entichant des aventures macabres d’un tueur en série… Alors non, au détour d’un reportage sur les affres du concombre, il n’aura pas été question des néfastes pratiques agriculturales aux importantes répercussions sur les micro-organismes du sol, et donc sur l’émergence d’organismes pathogènes jusqu’alors inconnus, pour lesquels les antibiotiques usuels seront souvent inopérants (dans une période où l’industrie pharmaceutique se dispense, pour des raisons de sous-profitabilité, d’investir suffisamment dans la recherche en ce domaine). L’agression des sols par divers moyens mécaniques et chimiques cause deux phénomènes distincts, mais pouvant interagir : (i) la mise au jour de réservoirs de virus, bactéries ou vers pathogènes jusqu’alors pas ou très peu susceptibles de rentrer en contact avec les humains ; (ii) une modification des taux d’évolution de ces organismes par la modification des biotopes, donc la sélection possible de souches ou d’espèces davantage virulentes. Il n’aura pas été question non plus de la déforestation d’immenses zones du sud-est asiatique, d’Afrique, d’Amérique du Sud, qui est également une cause majeure de l’exhumation d’agents pathogènes dont le potentiel de dangerosité est considérable. Il n’aura pas été question non plus d’une hypothèse biologique plausible selon laquelle des souches pathogènes peuvent être sélectionnées à cause d’une situation inédite dans l’histoire de l’humanité : l’industrialisation de l’élevage du bétail, ainsi que la massification des élevages, situation dans laquelle c’est alors la densité et la proximité des bêtes qui facilitent la transmission des agents pathogènes (on parle même de métapopulation, car, d’une manière ou d’une autre, les grands troupeaux n’en forment qu’un à l’échelle mondiale). Dans plusieurs grands pays d’élevage, le bétail est piqué aux antibiotiques, à la fois pour des raisons de prophylaxie infectieuse et pour des raisons d’augmentation du volume de la masse musculaire (faire plus de viande). Ces antibiotiques à l’usage ici partiellement infondé détruisent des souches bactériennes et, donc, en sélectionnent d’autres, lesquelles peuvent être pathogènes pour les espèces en rapport avec ce bétail, dont l’espèce humaine bien sûr. C’est un processus darwinien : dans un environnement donné, les organismes qui ne sont pas affectés par une modification du milieu, ici, l’irruption des antibiotiques, survivent, croissent, se multiplient, supplantent les organismes autrefois coprésents. Les individus ainsi sélectionnés peuvent être pathogènes. S’ils le sont et s’ils sont sursélectionnés, on voit donc à quelle fâcheuse situation on aboutit. De surcroît, parmi ces souches ou espèces virulentes, certaines peuvent être à la fois extrêmement dangereuses et insensibles aux antibiotiques courants parce qu’elles peuvent, outre une pathogénicité préoccupante, avoir également développé une antibiorésistance qui nous rend médicalement démunis. Le mécanisme de transfert horizontal de gènes que j’évoquais plus haut est aussi responsable de cette capacité à développer une insensibilité aux antibiotiques usuels. Le cycle « agents pathogènes contre lesquels il faut lutter avec des antibiotiques, antibiotiques qui les éliminent, mais qui sélectionnent des pathogènes résistants à ces mêmes antibiotiques, et contre lesquels il faut donc inventer d’autres antibiotiques, qui eux-mêmes… » est enclenché. Les biologistes ont l’habitude de parler de course aux armements pour décrire cette situation. Elle n’est pas choquante dans l’absolu, car elle résulte du fonctionnement normal des écosystèmes bactériens et de leurs interactions avec les mammifères, mais elle le devient dès lors que ces processus normaux sont viciés par la marchandisation des conditions mêmes de l’existence des humains.
Un autre phénomène concourt à l’augmentation de l’incidence des maladies transmissibles par des vecteurs animaux (comme le paludisme, transmis par des moustiques) : l’érosion de la biodiversité. Les biologistes ont montré que dans une zone donnée où il existe un agent pathogène, une espèce vectrice (qui transmet l’agent pathogène), des cibles (des humains, par exemple) et des espèces pouvant héberger ces agents, mais qui ne les transmettent pas – c’est pour cela qu’on les appelle des hôtes tangentiels ou « culs-de-sac » –, l’impact de la maladie transmise, par un effet de dilution, est moindre que dans les zones où les espèces culs-de-sac n’existent pas ou ont été éliminées par une action humaine. On voit donc que les pertes de biodiversité, pour des raisons de surexploitation des milieux, de chasse excessive, etc., peuvent avoir ce type de conséquences, moins visibles que celles auxquelles on pense spontanément. Une dernière remarque s’impose ici : c’est principalement dans les pays pauvres que se combinent déforestation, érosion de la biodiversité, saturation des terres arables, détresse sanitaire, malnutrition, sous-équipement hospitalier, etc., et, par conséquent, que les conditions maximales sont réunies pour que se déclenchent des drames sanitaires massifs. Cependant, même dans des pays riches qui ne combinent pas tous ces facteurs, les problèmes de biodiversité peuvent provoquer des augmentation de la prévalence de certaines maladies, comme la maladie de Lyme aux États-Unis, suite à la chute des effectifs de populations de petits mammifères culs-de-sac.
Ces phénomènes, s’ils restent ainsi incontrôlés – et rien n’indique qu’il en sera autrement dans des délais favorables –, augurent de nouvelles crises sanitaires potentiellement de grande ampleur dans ces pays aux infrastructures sanitaires sous-développées, aux endettements colossaux et, souvent, aux régimes politiques autoritaires, particulièrement dédaigneux du bien-être des peuples. Dans un monde globalisé, ces relations systémiques (c’est-à-dire quand se forme un système d’interactions intriquées) entre problèmes écologiques, structure démographique (concentration des populations), défaillance des moyens de santé, subordination économique, endettement, malnutrition (donc immunodéficience), surexposition à des pathologies endémiques affaiblissant déjà les populations et/ou malnutrition – propices à ce qu’on appelle les maladies opportunistes 5 –, éventuellement poids de la religion, dictatures, confiscation des ressources, et j’en passe, forment un écheveau de causes et d’effets au sujet desquels nous avons des connaissances et des moyens d’analyse, mais tout cela ne rentre pas dans les cases préformatées des journaux télévisés de notre gras pays.

Konkombres, nein danke
Ainsi, des légumes prétendument contaminés ont enclenché la machine à fantasmes. Le concombre espagnol attaquant des Allemands ! Poncifs sur l’Europe du Sud contre l’Europe du Nord. La contamination ne pouvait venir que du pays producteur, pas du pays acquéreur, ma bonne dame. Au moment où j’écris ces lignes, il est établi que la contamination est postérieure à la phase de production, que la source contaminante se trouve en Allemagne. Eh oui, les médias porte-voix des peurs dérivatives ont gravement porté atteinte à la présomption d’innocence du concombre espagnol. (Sans parler, dans le cloaque complotiste qui caractérise notre époque, des pourvoyeurs de la thèse d’une bactérie génétiquement recombinée à des fins terroristes.) Ce qui les a surpris, c’est le pic létal de cette souche dangereuse d’une E. coli entérohémorragique (provoquant de dangereuses diarrhées sanglantes), tout en oubliant de signaler que sur notre continent, où les moyens hygiéniques et sanitaires sont courants, les E. coli pathogènes (comme celle qui provoque ce qu’on appelle communément la « maladie du hamburger », car présente dans les steaks hachés insuffisamment cuits) occasionnent le plus généralement des diarrhées faciles à soigner – mais il y a certes toujours des cas plus graves –, alors que des causes bactériennes analogues ont des conséquences bien plus graves dans les pays pauvres. En effet, ici, bien laver ses légumes, cuire suffisamment son hamburger et passer fréquemment sur la table un coup d’éponge imbibée de Javel est simple, peu coûteux, anodin. Là-bas, ces gestes élémentaires s’avèrent irréalistes.
Mais surtout, porter l’attention sur le problème du produit (l’offense faite au concombre) occulte l’essentiel : le formatage et le calibrage des produits alimentaires ne constituent pas, selon la croyance inepte d’une partie de l’écologisme actuel 6, un affront à la nature nourricière et bienveillante. Le pire est qu’ils sont la cause du formatage et du calibrage de la vie des travailleurs contraints de se vendre pour presque rien dans les fermes-usines qui déversent fruits et légumes sur les marchés européens. Les sous-payés, les exploités, les ratonnés parfois 7, triment pour produire à bas coûts les masses de fruits et légumes que nous consommons. Les médias de masse, encore une fois, n’ont pas fait leur travail, ou plutôt l’ont très bien fait : en occultant des réalités sociales, avérées et non pas fantasmées, au sujet des méthodes agriculturales de la région d’Almeria et des immondes conditions de travail qui y règnent. Ces mêmes médias sont, il est vrai, plus enclins à évoquer avec une certaine bonhomie – alors qu’il faudrait les ridiculiser – les diocèses, comme ceux de Laval et de Beauvais, qui, en ces temps de sécheresse, ont organisé des processions et des prières pour « demander la pluie » 8. Le débat, certes technique, sans doute rébarbatif, sur l’irrigation, la fourniture d’eau, l’agriculture intensive, attendra…

Encore des débats confisqués
Pendant des décennies, les médias alternativement concombrophobes et cocombrophiles ont dénié qu’il puisse exister des méthodes rationnelles d’agriculture écologiquement responsable. Leur autre fonds de commerce idéologique consistait à ridiculiser la lutte des antinucléaires. La quasi-concomitance d’une microcrise sanitaire aux implications sociétales si importantes et de la macrocrise environnementale de Fukushima qui déclenche des interrogations inédites au sein d’une part croissante des populations concernées est saisissante. Pourtant, il n’en résulte quasiment rien, en termes de prises de conscience, de gain de connaissances, de solutions, d’indignation même, pour prendre un mot qui a fait sourire ces mêmes médias condescendants. Bien sûr, leur propension aux commentaires dilatoires est en ce moment comblée grâce à Chirac proclamant qu’il votera pour Hollande. Plus facile de gloser sur ces fariboles que de réfléchir…
Fukushima est le lieu réel et le lieu symbolique d’un monde qui bascule dans ce qui pourrait être un monde postnucléaire (en sachant que cela demande nécessairement du temps, beaucoup de temps). Mais les irréductibles Gaulois confinés dans le chaudron radioactif au-dessus duquel s’agitent Anne Lauvergeon, la propagandiste en chef de la nucléocratie française (même si elle vient tout juste de se faire lourder 9), Sarkozy, Besson, Proglio et toute leur clique qui font grésiller les compteurs Geiger de leurs fantasmes d’indépendance énergétique n’écoutent rien. La pantalonnade de l’affaire DSK, bientôt suivie par les rodomontades d’un Luc Ferry obsédé par son reflet dans le miroir télévisuel – et la télévision se pâmant devant le philosophe mondain –, puis l’épisode de la bactérie, que je ne mets évidemment pas sur le même plan que ces exhalaisons fétides de la bourgeoisie 10, tout cela contribue, via la collusion des médias de propagande et des politiques, à saper les velléités d’un débat de grande ampleur à propos de la question des choix énergétiques. Pour ne prendre que deux exemples, en 2010-2011, la télévision a offert d’indécents temps d’antenne à ces charlatans que sont Claude Allègre, climato-sceptique infect, nucléolâtre obscène, et les frères Bogdanov, escrocs intellectuels notoires, dont le dernier livre, consacré à une origine divine du cosmos, abondamment médiatisé par le télécrétinisme béat, est préfacé par leur meilleur ami : Luc Ferry. Ferry, voleur des deniers publics quand il touche 4 500 euros par mois pour un travail d’universitaire qu’il n’effectue pas, escroc moral quand il fait entrer au Conseil d’analyse de la société (une mascarade gouvernementale, un cénacle de jean-foutre dégoisant sur la société) Amélie de Bourbon-Parme, épouse d’un des frères Bogdanov… On y trouve aussi un islamologue, un curé 11, un rabbin, la directrice générale en charge des relations extérieures du laboratoire Servier, fabricant du Mediator ! La puanteur de la bourgeoisie de caste, vous dis-je.
A-t-on pu entendre les arguments de la Criirad, du Réseau Sortir du nucléaire, de l’Observatoire du nucléaire (Stéphane Lhomme), l’association NégaWatt, les ingénieurs qui réfléchissent aux alternatives énergétiques crédibles, etc. ? Non, bien sûr, il fallait que Ferry, Allègre, Bogdanov puissent vider leurs outres à fatuité sur les scènes télévisuelles. Et dernièrement, pendant que nos télés pratiquaient le si prisé micro-trottoir (la forme la plus crétine du pseudo-journalisme) à des chalands arpentant les marchés l’air hagard devant des étals où s’amoncelaient moult cucurbitacées esseulées, nos télés dociles, ou indigentes, c’est selon, s’abstenaient de fournir des éléments intelligibles aptes à fonder un débat critique sur l’obsession nucléaire du gouvernement français et de ses affidés industriels.

Conclusions incomplètes…
I. Où l’on voit, hypothèse raisonnable, que l’organisation sociale détermine les conditions écologiques, plutôt que l’inverse : si les lieux et conditions de travail tels qu’ils existent de nos jours étaient interdits et remplacés par des coopératives libertaires de production, où le travail ne serait pas la valeur cardinale, où la productivité ne serait pas l’objectif unique, où la concurrence de tous contre tous n’était pas la règle d’airain, etc., alors les procès de production et les produits seraient qualitativement si différents de ce qu’ils sont en contexte ultralibéral que nombre de problèmes environnementaux liés au productivisme seraient éliminés, au moins grandement atténués. Cela ne garantit pas nécessairement des produits sains (pour des raisons de place, je n’entre pas dans les détails de tous les processus possibles, ou pas encore connus, qui peuvent provoquer une crise sanitaire, même dans des filières bio), mais il est certain que cela détermine l’aspect le plus important du problème : la mise en place de conditions de travail dignes, hors de l’autorité des chefaillons et du diktat des cadences intolérables.
II. Où l’on voit que la multiplication de médias indépendants doués d’une véritable curiosité et d’une éthique des savoirs propagés est d’une importance capitale. Le Monde libertaire se doit de continuer dans cette voie. Lecteurs, auteurs, les deux ensemble, nous comptons sur vous !





1. Si la prévalence du paludisme continue à son rythme actuel, le taux de mortalité pourrait doubler dans les vingt prochaines années.
2. Un organisme commensal est un organisme vivant aux dépens d’un autre mais qui ne lui cause pas de dommage (contrairement au parasite).
3. Action ayant pour but de prévenir l’apparition ou la propagation d’une maladie.
4. Un rapport de 2011 de la FAO, « Global food losses and food waste », montre qu’un tiers des aliments produits sur Terre est perdu ou gaspillé chaque année. Le gaspillage alimentaire des pays riches équivaut à l’ensemble de la production alimentaire de l’Afrique subsaharienne.
5. Par exemple, la rougeole, maladie virale bénigne dans les pays riches, est un fléau dans les pays pauvres, avec environ 350 000 morts par an. Maladie infantile, le prélèvement démographique touche donc essentiellement les petits. De plus, les séquelles sont souvent très lourdes, avec des cécités, des encéphalopathies causant des infirmités, etc. Vaccination, hygiène, nutrition correcte font que la prévalence de cette maladie est minime dans les pays développés.
6. Loin de moi l’idée de décrire sous le même vocable, en l’occurrence « écologisme », tous les gourous mystico-naturistes, les névrosés du cri de la carotte et autres prédicateurs de l’apocalypse technologique. Reste qu’une partie du mouvement écologiste est profondément irrationnelle, inculte et donc dangereuse, aussi bien pour l’action révolutionnaire et la lutte des classes que – faux paradoxe – pour la quiétude de la biosphère. Loin de moi, bien entendu, la tentation, comme chez certains, de prendre à mon compte les propos d’un Luc Ferry, qui, dans son livre de dénonciation de l’écologisme, Le nouvel ordre écologique (1992), instaure notamment une filiation explicite entre nazisme et écologie, ou encore d’établir une filiation univoque entre les linéaments religieux d’un certain écologisme radical et la pensée écologique scientifique, rationnelle, anticlassiste que devrait porter la Fédération anarchiste.
7. Voir notamment les articles « Souvenir d’Andalousie : au sujet de l’exploitation dans les domaines agricoles » et « Sur les terres d’Almeria » de Ramòn Pino (Le Monde libertaire, n° 1625 et 1633). Voir aussi Le Goût amer de nos fruits et légumes. L’exploitation de migrants dans l’agriculture intensive en Europe, Forum civique européen, 2002.
8. Comme l’explique le père Marie-François Perdrix, du Meslay-du-Maine, il s’agit d’affirmer ainsi que « la science n’a pas de réponse à tout, et de manifester que Dieu intervient aussi dans la vie de tous les jours, en lui demandant de venir bénir la terre : il ne suffit pas de se tourner vers les assurances, ou de chercher une réponse scientifique » (La Croix, 5 juin 2011).
9. Et défendue avec émotion par le mitterrandien François Hollande. Ingénieur du corps des Mines, et après avoir occupé des postes dans l’industrie sidérurgique, puis au Commissariat à l’énergie atomique, Anne Lauvergeon devient une proche collaboratrice de Mitterrand, spécialisée dans les questions de stratégie économique. Elle dirige ensuite une grande banque d’affaires franco-américaine, avant d’entrer dans les hautes sphères d’Alcatel. C’est DSK qui la nommera PDG de la Compagnie générale des matières nucléaires, qui deviendra Areva sous son impulsion. Avant sa toute récente éviction, ses dernières rémunérations connues s’élevaient à 1,12 million d’euros par an.
10. « Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture » (Octave Mirbeau, Journal d’une femme de chambre, 1900).
11. Il s’agit du père Alain de La Morandais, qui anime avec le rabbin et l’islamologue sus-mentionnés une émission œcuménique, Les Enfants d’Abraham, sur la télé Direct 8. Un hasard sans doute… Dans une récente édition du journal Direct Matin, le télécuré n’y va pas avec le dos de l’encensoir au sujet des drogues : « Directement, le christianisme ne dit rien à ce sujet. Mais la présence des drogues, dont le trafic est lié à la passion corruptrice de l’argent, laisserait penser qu’elle est un signe récurrent de la présence du Diable. Non seulement parce que la déchéance et la mort rôdent autour de cette addiction, mais aussi parce que la dépendance qu’elle engendre ressemblerait à une sorte de possession. Mais il n’y a pas d’exorcisme religieux pour libérer les drogués. La présence funeste du Diable se lit à livre ouvert dans nos sociétés. » Voir note 8…