Notre-Dame-des-Landes, zone à défendre

mis en ligne le 7 novembre 2012
1686NDDLL’information circulait depuis quelques jours : le gouvernement socialo-écologiste mobilisait des troupes de gardes mobiles et de CRS (plusieurs centaines), des tractopelles pour déloger les occupants et occupantes installés, un peu partout, sur la zone d’aménagement différé, faite de bocages, de terres agricoles, destinée à construire le futur aéroport international de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique.
Si, pour le moment, ne sont visés que les occupants considérés comme illégaux par les tribunaux, les procédures sont en cours pour expulser les propriétaires, les locataires et
paysans concernés de la zone.
Cet endroit avait été rebaptisé Zone à défendre (ZAD) par les résistants et résistantes opposés à l’aménagement capitaliste du territoire, à un projet ruineux qui ne répond pas aux besoins de la population, mais à des ambitions politico-financières, et qui saccagerait l’environnement. Il y a quarante ans que ce projet existe et que les premières expropriations ont débuté.
Cette zone à défendre appartient, légalement, à la multinationale Vinci, chargée de construire et gérer ensuite cet aéroport, dans le cadre d’un partenariat public-privé, très avantageux pour le groupe financier. En effet, les collectivités locales s’engagent à compenser les éventuelles pertes qui pourraient survenir… durant cinquante-cinq ans !
Mais cette ZAD est aussi devenue, depuis plus de trois ans, le lieu d’expériences alternatives et autogérées très intéressantes pour plus d’une centaine de personnes y résidant et pour les milliers qui y sont passées, appréciant la créativité : terres maraîchères défrichées collectivement, construction de cabanes, de fours à pain, cuisines collectives, rencontres, échanges de savoir (de la sérigraphie à la découverte des plantes sauvages comestibles), concerts à prix libre, radio locale (Radio Klaxon), revue (Lèse béton), etc.
Ce projet d’aéroport est porté, en particulier, par l’actuel Premier ministre Jean-Marc Ayrault (ex-maire de Nantes et ex-député, conseiller municipal de Nantes et conseiller communautaire de Nantes Métropole depuis le 21 juin 2012), qui en fait une affaire personnelle, sans doute afin de laisser son nom glorieux dans l’histoire des « grands chantiers ». Nul ne peut donc être surpris du déploiement massif de forces de l’ordre pour satisfaire les intérêts d’un potentat local, des partis politiques alliés officiellement dans cette affaire (PS et UMP) et de ceux qui le sont, de fait, comme EELV, en tant que cogestionnaire au gouvernement et au Parlement. Les soi-disant écologistes de EELV, une fois de plus, retournent leur veste – malgré leurs rodomontades préélectorales contre l’aéroport – pour le confort de quelques ministères.
Ainsi, mardi 16 octobre, les forces de l’État ont commencé, tôt le matin, à déloger des habitants de la ZAD, détruisant des habitations, en murant d’autres. Bien prétentieux et décalé, le préfet annonçait, dès 10 h 30, que la mission était accomplie. Or, si certains lieux d’habitation ont été démolis, fermés, la résistance continue de plus belle et reçoit de plus en plus de soutiens !
La Fédération anarchiste se déclare entièrement solidaire de la lutte des résistants et résistantes à l’aéroport et au monde glacé du Capital et de l’État. En un mot : au pouvoir. La Fédération anarchiste apportera toute l’aide qu’elle peut, à la mesure de ses moyens, pour que ceux et celles qui y habitent puissent continuer à faire vivre cette zone à défendre.

Secrétariat aux relations extérieures



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


julien bézy

le 10 novembre 2012
Bien que le combat semble perdu d'avance, j'apporte tout mon soutien à la résistance à notre Dame des Landes

manu

le 11 novembre 2012
salut à tous les lecteurs
le combat n'est surtout pas perdu. ne nous laissons pas abuser par les forces de soumission. contre le capital et la collaboration social démocrate contre l'airault port de césar et vinci TOUS à notre dame des landes le 17 Novembre

justin takeo

le 28 novembre 2012
Celles et ceux qui ont l'habitude de me lire dans le ML ou ailleurs, en géographie par exemple, s'étonnent parfois de mes propos souvent très critiques envers l'écologisme et les écologistes. J'espère que cette affaire du projet d'aéroport de N.-D.-des-Landes, projet nullissime, leur ouvrira définitivement les yeux au vu du double jeu des politiciens écologistes.
En plus, les médias et les politiciens dominants prétendent que ce projet a été adopté démocratiquement alors qu'ils voient, avec ce qui se passe au sein de l'UMP, comment des dirigeants manipulent la démocratie dans tous les sens.
Au delà de tous les discours sur la planète qui serait en danger, et qui essaient de nous mobiliser sur des choses stratosphériques, là, quand il y a des terres et un environnement concrets à défendre, on repose les bonnes questions : quelle propriété et gestion du sol ? Construire quoi pour quoi faire ? Quelle production pour quelle consommation ?
Comme les gauchistes, les écologistes savent garder deux fers au feu : supposé "pouvoir populaire" à la base, et présence au sommet. Pour eux, il n'y a aucune contradiction à être au gouvernement, puisqu'ils sont pour l'État, avec ce que cela implique d'autoritarisme et d'impasse. L'autonomie ne se découpe pas en morceaux. D'un autre côté, si elle reste isolée, elle devient stérile. Ce sont bien les liens fédéraux et la popularisation de l'action qui doivent être développés, en rythme avec les aspirations exprimées localement, à la base. Non, le combat n'est pas perdu.
Philippe P.