Nouvelles des fronts

mis en ligne le 8 novembre 2012
État providence, d’aucuns ont fait croire que c’était, comme l’idée de dieu, une providence pour le prolo. En fait, il ne fut inventé que pour protéger les intérêts du Capital. Jacobins ou girondins, de droite ou de gauche, tous l’utilisent pour asservir soit les corps, soit les consciences, si possible les deux. L’État fut providentiel, surtout pour maintenir l’ordre au frais du contribuable et lorsque le travail organisé et revendicatif remettait en cause sa légitimité. L’État providence n’est qu’un des masques humanisés du capitalisme menacé. Il est une providence pour le patron lorsqu’il participe à la casse des retraites par répartition, à la gestion du chômage de masse, à l’exonération d’impôts ou de « charges » sociales, à la baisse du coût du travail et au retour des 39 heures…
L’État libérateur est un mythe autoritaire dans lequel s’est engouffrée une partie du socialisme, il serait temps de renoncer à ces illusions. Illusions mortifères que les anarchistes ne partagèrent jamais.
Patron pigeon, quelle belle et agréable idée, à quand l’ouverture de la chasse ? À quand le début du grand ball-trap social… debout prolétaire, plumons le volatile ! Au demeurant, fortiches les pigeons, quelques gloussements sur Facebook et voilà que l’État, providence, recule et donne satisfaction à la volaille. à se demander qui sont, non pas les pigeons, mais les dindons d’une farce sociale-démocrate qui n’a que trop duré. Derrière le pigeon se cache souvent un coq de combat comme chez Renault, où la DRH avait anticipé dans le cadre d’une communication de crise bien orchestrée le suicide mode d’emploi de loyaux collaborateurs… Variable d’ajustement, encore un coup de la providence, fatale cette fois. Heureusement, quelquefois, le prolo se rebiffe comme à PSA-Aulnay où après quelques heurts au salon de l’auto avec les représentants de l’État protecteur, un cadre, bien vivant celui-là, a été « séquestré » durant onze petites heures. La raison de l’action directe : protester contre des retenues sur salaires à la suite des débrayages. Pour un œil les deux yeux, pour une dent toute la gueule, disaient certains autrefois. La formule est certes un peu violente et très imagée, mais les images, elles aussi, peuvent être providentielles…
Ça frémit un peu du côté des luttes, une grève unitaire a minima à la SNCF non pas pour manifester contre le vingt-troisième suicide, mais, contre une ridicule hausse des salaires de 0,5 % et le non remplacement des départs à la retraite dont la conséquence journalière est la dégradation des conditions de travail des uns et de transport des autres. Appel aussi à Air France qui doit alléger son effectif à hauteur de 5 000 emplois dans les années sans « à-venir ». Grève aussi dans les écoles de Seine-Saint-Denis où ils manquent 250 enseignants pour dresser les têtes brunes et blondes, remplacés par d’éventuels étudiants vacataires. Eh oui, l’État se retire quelquefois, lorsque le coût de l’éducation ne vaut plus le coup. À quoi bon éduquer la jeunesse qui, dans certains quartiers, frôle les 60 % de chômeurs. L’État éduque le futur travailleur, pas le chômeur. Ça frémit et ça fait frémir aussi, comme la pseudo mobilisation du 9 octobre et la manif des retraités du 10 face à la menace d’une CSG sur les pensions (tous ensemble ?). Manifs pour rappeler le pouvoir à l’ordre et l’engager à tenir ses promesses, qui peut encore y croire quand, comme toujours, la « gauche » n’est parvenue aux affaires que pour nettoyer les écuries d’Augias du libéralisme. Une fois son devoir accompli, elle retournera à son opposition raisonnable et à ses logiques de prises de postes et de pouvoir, on peut le parier. Peut-être qu’un autre volatile, Le Paon, potentiel secrétaire général de la CGT, redonnera à la vieille confédération un peu de son honneur perdu… on peut rêver, il est probablement l’homme d’un compromis, coincé entre une vieille garde toujours stalinienne, des réformistes mauvais teint genre CFDT et quelques camarades sincères mais minoritaires… Pigeon, dindon, paon, n’en jetez plus, la volière est pleine et l’État est bien protégé.
Côté dégraissage, ça se maintient, malgré le musculeux Montebourg, Technicolor à Angers coulé, Petroplus en Seine-Maritime coulé, Surcouf coulé. Castorama touché, moins 1 167 emplois ; E-On touché, moins 530 à Hornaing dans le Nord ; Dexia touché, moins 300, Tetra Pak en Côte-d’Or touché, moins 70 ; Electrolux touché, 419 virés à Revin dans les Ardennes ; Pierre et Vacances touché, 195 salariés au loisir forcé. Enfin, Alcatel-Lucent touché/coulé moins 1 500 en France, 15 500 sur la planète.
À la ronde, Ford s’apprête à supprimer 4 500 emplois à Genk en Belgique, et quelques milliers d’autres en Angleterre et en Allemagne. Sharp liquide 20 % de son effectif dans le monde, soit 11 000 salariés. La Grèce, une nouvelle fois en grève générale rituelle face aux facilités de licenciement accordées aux patrons par un autre État providentiel et protecteur. Kif kif le 14 novembre en Espagne et au Portugal… ils grèvent générale et puis s’en vont. Afrique du Sud, la lutte continue dans les mines de platine, malgré la menace de 12 000 licenciements pour fait de grève.
Partout l’État protège les riches, aux USA, 40 millions de personnes mangent en utilisant des bons alimentaires et 19 millions d’enfants souffrent de sous-alimentation comme 870 millions dans le monde. Dans l’Europe des États protecteurs, 18 millions de chômeurs recensés et officiels, dont 4,7 millions en Espagne. La providence est vraiment providentielle. Divine et/ou étatique providence, c’est toujours les mêmes prédateurs, Dieu et l’État !