Météo syndicale

mis en ligne le 14 février 2013
« Ils ont avancé des mots d’ordre dangereux. Ils ont transformé les principes démocratiques en fétiches. Ils ont placé le droit des ouvriers à élire leurs représentants au-dessus du parti. Comme si le parti n’avait pas le droit d’affirmer sa dictature même si cette dictature entre momentanément en conflit avec l’humeur changeante de la démocratie ouvrière ! » Ah, diable, palsembleu et cornegidouille, qui a déclamé de tels propos et au sujet de quoi ? Ben, tout simplement Léon Trotski sur l’opposition ouvrière et de sa position sur l’insurrection de Kronstadt. Première épine sérieuse dans le pied du totalitarisme bolchévique, l’Opposition ouvrière 1 était condamnée par les instances politiques comme « déviation anarchosyndicaliste ». On vous épargnera, aujourd’hui, ce qui était écrit sur les anarchistes en général et les anarchosyndicalistes en particulier.
Pourquoi revenir, une fois de plus, sur des faits, des déclarations qui appartiennent au passé du mouvement révolutionnaire ? Pas seulement pour taper sur le clou de l’antiléninisme, mais pour mettre en lumière ce qui est dans l’esprit de maintes oppositions syndicales de tout bord. Et, dans l’actualité politique, pour jeter un œil sur ce qui se débat au congrès du Parti communiste français. On ne jouera pas les tireurs d’ambulances, mais la militance qui se reconnaît encore dans le PCF.
Le Parti communiste français sait-il encore d’où il parle ? On reste un peu (sic) circonspect devant les déclarations de nouveaux adhérents déclarant avoir rejoint les rangs de Colonel-Fabien parce que les communistes défendent l’égalité et les mêmes droits pour toutes et tous, la mise en commun, le partage… point de projet de nouvelle société ? Sans parler de la prise du Palais d’hiver 2 !
Il est certes juste de critiquer l’évolution idéologique du Parti socialiste, mais pourquoi emprunter les mêmes chemins ? On comprend mieux, que dans les diverses arborescences de l’opposition interne à la CGT, il y ait tant de déçus du Parti se rappelant soudain un lointain ancêtre anarchosyndicaliste…
Pour les perspectives actuelles d’un renouveau syndicaliste, l’avenir reste bien sombre. Les médias volent au secours de la social-démocratie ambiante et criminalisent toute démarche syndicale qui ne marche pas dans les clous. à Goodyear comme ailleurs, ils et elles en savent quelque chose. On y reviendra, en attendant ne lâchez rien !









1. Cité par Maurice Britton dans « Les bolcheviks et le contrôle ouvrier », in Autogestion et socialisme, n° 24-25, 1973. N’oublions pas le dernier ouvrage d’Alexandre Skirda Kronstadt 1921 – Prolétariat contre dictature communiste.
2. Dans les années 1970, au temps du Programme commun, les militantes et militants du PC pouvaient se vanter de « plumer la volaille socialiste ». Le PS était souvent réduit à un rassemblement de notables incapable de fournir des équipes de colleurs d’affiches ! Des dizaines d’années après ces temps héroïques on penserait que le « fabriquons français » a fait des ravages.