À quoi servent-ils ?

mis en ligne le 17 avril 2013
Bien que minoritaires, ils sont partout. En une de la presse people, ils montrent leurs frasques et leurs bronzages, leurs yachts et leurs tenues de soirée. Ils font du chantage comme quoi ils pourraient quitter le pays si on leur faisait payer trop d’impôts ou parce qu’on ne les comprend pas. Dans la presse, dans des journaux leur appartenant, ils se répandent pour nous expliquer et nous imposer leurs visions du monde et pour asséner qu’il faut que nous fassions des sacrifices pour que le monde continue à tourner dans le bon sens. C’est-à-dire le leur.
Les riches, oui, il s’agit bien d’eux, font l’objet de bien des condescendances ces temps-ci. Les médias s’affolent lorsqu’il est question d’augmenter l’impôt sur les grandes fortunes, de passer les impôts à 75 % pour ceux et celles qui amassent des fortunes… etc. On nous fait grand cas de ces riches qui quittent ou vont quitter le pays, comme si cela avait une importance quelconque.
Est-ce parce que les riches sont présents que le peuple se porte mieux ? Que nenni !
Les journalistes aux ordres de ces oligarchies, de cette caste, nous disent même que taxer les riches concernerait si peu de monde que ça s’avérerait peu efficace (quelques centaines de millions qui ne seraient pas à la hauteur de la centaine de milliards du déficit). Dans ce cas, si les riches représentent si peu en termes fiscaux, ça veut dire qu’ils ne pèsent pas grand-chose en terme d’investissements. Pourtant l’argument des libéraux, de droite à gauche, c’est de dire que soutenir les riches est utile, car nous leur devons tous le dynamisme financier des entreprises subventionnées par les courageux investissements.
Ce qui est faux.
Seul 5 % de leur fortune sert à l’investissement productif. Les politiques et leurs médias célèbrent les entreprises et la spéculation boursière, mais les émissions d’actions tiennent toujours une place faible. Même si, pour ce nombre restreint de personnes qui boursicotent, cela rapporte beaucoup.
Les cinq milliards d’euros de transactions quotidiennes sur le CAC 40 sont en fait les mêmes liquidités qui tournent plusieurs fois par jour en ne faisant que changer de mains.
Les riches placent leur argent uniquement aux fins de plus-value sans rapport avec un quelconque soutien à l’investissement tant vanté. L’argent des riches ne sert donc à rien, si ce n’est à s’augmenter lui-même.

Les riches ne servent qu’à eux-mêmes
D’autres discours nous disent : laissons les riches investir, car cela créera des retombées qui feront que toutes les classes sociales inférieures finiront par en profiter. Ils consomment, font tourner le petit commerce (plutôt le gros) qui fera tourner le moyen, etc.
Là aussi c’est faux.
Cette classe dominante, qui cumule toutes les formes de richesses, fonctionne en circuit fermé. L’aristocratie de l’argent cultive ses réseaux, elle en hérite, les entretient et les développe au cours de réceptions, parties de golf, mondanités, en apparence futiles mais en fait essentielles. Les familles fortunées, à la différence des pauvres, restent entre eux, dans une forme de « ghetto du gotha », défendant bec et ongles leurs espaces et lieux de vacances pour conserver leur groupe quasi fermé.
Malgré cet entre-soi, les riches se développent : 1 426 milliardaires aujourd’hui, soit 210 de plus que l’an dernier. « En 2012, le nombre de super-riches (patrimoine supérieur à 30 millions de dollars) a crû de 8 700 personnes et leur richesse totale a augmenté de 566 milliards pour atteindre 26 000 milliards, soit plus du tiers du PIB mondial. »
Pour autant, au même titre que les religions et la bourgeoisie, les riches imposent, outre leur vision du monde et de la « bonne » méthode pour le gérer, un modèle de vie basé sur le culte de l’égoïsme, de l’argent roi, du toujours plus, de la consommation.
De temps à autres, éclatent quelques scandales politico-financiers (Cahuzac et Sarkozy parmi les derniers), mais ce ne sont que de petits joueurs qui, de toutes façons, ne s’en tireront pas trop mal. C’est juste pour faire croire que ce système est moral et qu’il n’y a que quelques brebis galeuses. Et c’est surtout pour faire oublier au populo que leur richesse est bien réelle et qu’elle est basée sur l’exploitation et la misère. Que s’il y a quelques riches de plus, il y a surtout de plus en plus de pauvres.
Leur système, c’est la précarité, le chômage, la misère et la faim. C’est aussi l’exploitation de toutes les ressources possibles, humaines et environnementales.
On ne le répétera jamais assez : nous n’avons pas à payer la crise de leur système. Il ne s’agit pas de le réformer mais bien de détruire, dans ses fondations mêmes, ce capitalisme, profondément injuste, immoral et inhumain. Alors, nous récupérerons leur or, et nous en ferons des colifichets. Et puis nous danserons La Carmagnole autour des dépouilles des riches encore fumantes…