Pour un syndicalisme de combat

mis en ligne le 9 mai 2013
1705AnarchosyndicalismeLa crise du système capitaliste a des conséquences dans le monde entier. Les crises économiques, financières, écologiques et sociales s’entremêlent et s’auto-alimentent. Cette crise globale du capitalisme montre l’impasse d’un développement basé sur un partage de plus en plus inégal de la richesse produite, la déréglementation financière, le libre-échange généralisé et le mépris des impératifs écologiques.
Pour sauver les profits des actionnaires et des patrons, pour assurer l’avenir des banques, les institutions mondiales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce, etc.), les gouvernements et le patronat s’attaquent de plus en plus fortement aux droits des travailleurs et des travailleuses.
Le système économique et politique actuel organise le pillage de nombreux pays, oblige des millions de personnes à quitter leur région d’origine pour survivre… et nie ensuite tous leurs droits sous prétexte qu’ils sont immigrés.
Destruction des services publics, remise en cause de tous les droits sociaux, attaques envers les droits syndicaux, libertés syndicales bafouées, développement de la précarité et du chômage pour faire pression sur les populations… Ce sont les mêmes méthodes qui sont utilisées dans tous les pays !
Pour arriver à leurs fins, ils utilisent tous les moyens : criminalisation, procès, arrestations, interventions policières, occupations militaires, entraves de toutes sortes aux droits collectifs et individuels. La répression est une de leurs armes contre ceux qui résistent, qui s’opposent, qui construisent des alternatives. Notre solidarité, par-delà les frontières, est une de nos réponses.
Le syndicalisme dont nous nous revendiquons ne saurait cautionner des pactes avec les pouvoirs en place pour valider des mesures antisociales. Le syndicalisme a la responsabilité d’organiser la résistance à l’échelle internationale, pour construire à travers les luttes la nécessaire transformation sociale.
Notre syndicalisme vise au renversement du modèle de développement économique, social et politique fondé sur l’hégémonie de la finance, du profit et de la compétitivité. Au contraire, nous voulons construire un système fondé sur les biens communs, sur la redistribution des richesses entre toutes celles et tous ceux qui contribuent à leur création, sur les droits des travailleurs et sur un développement écologiquement soutenable.
Nous revendiquons l’extension, la démocratisation et l’appropriation sociale du service public (éducation, santé, transport, énergie, eau, logement, etc.). La libre circulation des personnes et l’égalité des droits sociaux et politiques de tous et toutes, indépendamment de la nationalité, de l’origine, du sexe, font partie de nos objectifs communs.
Notre syndicalisme allie la défense des intérêts immédiats des travailleurs et travailleuses et la volonté de changement social profond. Il ne se limite pas au champ revendicatif économique, il englobe des sujets comme le droit au logement, à la terre, l’égalité entre hommes et femmes, l’antiracisme, l’écologie, l’anticolonialisme, etc.
Les intérêts que nous défendons sont ceux de la classe ouvrière (travailleurs et travailleuses en activité ou en retraite, chômeurs et chômeuses, jeunes en formation). Ils s’articulent avec ceux des peuples de toutes les régions du monde. En cela, nous nous opposons au patronat, aux gouvernements et institutions qui sont à son service, et nous revendiquons notre autonomie vis-à-vis de toute organisation politique.
Des organisations syndicales internationales existent ; des réseaux syndicaux ont été créés à partir de champs professionnels ou géographiques. D’une région du monde à l’autre, nos histoires syndicales, nos structurations syndicales, nos affiliations syndicales sont différentes. Mais nous partageons ce qui est essentiel : nous sommes déterminés à avancer dans la coordination du syndicalisme de lutte, au plan international.
Nous ne proclamons pas la constitution d’une nouvelle organisation syndicale internationale. Nous décidons de renforcer, élargir, rendre plus efficace un réseau du syndicalisme offensif, démocratique, autonome, alternatif, féministe, internationaliste.
Nous voulons partager nos expériences, nous enrichir des résistances et acquis de tous, construire l’unité à travers les frontières, mettre en œuvre la solidarité internationale des travailleurs. Face à la crise qui frappe les populations de tous les pays, et dont le capitalisme est responsable, il est nécessaire de coordonner et unifier nos luttes. Nous appelons les collectifs syndicaux à nous rejoindre pour construire cette unité d’action syndicale, nécessaire pour combattre les reculs sociaux, conquérir de nouveaux droits et construire une société différente.
Nous ne nous battons pas pour revenir en arrière ; certes, les attaques envers la classe ouvrière sont très fortes et parfois sous des formes nouvelles. Mais l’exploitation capitaliste n’est pas une nouveauté et c’est avec cela qu’il faut rompre, pour créer des modes d’organisation de la société partant des besoins de la population.
Cette démarche, nous la construisons pas à pas, avec toutes les organisations syndicales de lutte, pour qui le système capitaliste n’est pas le mode d’organisation indépassable pour nos sociétés, et qui construisent le changement à travers les luttes collectives quotidiennes et les réflexions sur la société que nous voulons pour demain.
Après la rencontre internationale de mars 2013, nous avons des objectifs concrets, des engagements communs. C’est ensemble que nous les définissons et que nous les mènerons à bien.
Nous agissons, dans la durée, pour la solidarité internationale, et notamment contre toutes répressions antisyndicales. Notre combat se mène contre toutes les oppressions, notamment celles envers les femmes.
Nous interviendrons de manière unitaire et coordonnée pour appuyer des luttes et des campagnes internationales préexistantes, en réaffirmant le droit à l’autodétermination des peuples : soutien aux peuples palestinien et sahraoui, reconnaissance du syndicalisme autonome dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, contre l’occupation militaire d’Haïti, contre les traités européens qui imposent l’austérité, pour le droit de tous les peuples à décider de leur avenir, etc.
Nous renforçons et étendons le travail international mené dans les secteurs professionnels (transport, éducation, centres d’appels, industrie, commerce, santé, etc.) et sur des questions interprofessionnelles (droit des femmes, immigration, logement, écologie, santé et travail, etc.) ; déjà, le travail s’organise dans plusieurs de ces secteurs, dont l’animation est prise en charge par des organisations syndicales de nos différents pays.
Nous poursuivons le travail de réflexion et d’élaboration sur les questions de crise du système capitaliste et d’alternatives à celui-ci.
Enfin, nous mettons, ensemble, les moyens matériels nécessaires à la réussite de nos projets communs : sites internet, liste d’échanges par courriel, coordination par secteurs professionnels, etc.

45 organisations signataires au 14 avril 2013



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


04303Rival

le 12 mai 2013
Existe-t-il un lieu où figure la liste des organisations syndicales signataires?

Merci.

Judip Cocor

le 12 mai 2013
Comme Georges, j'aurais bien aimé la liste complète des 45 organisations syndicales signataires.