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par Alessio Lega (2007) le 22 juillet 2018

La Tombe de Bakounine

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Article extrait du « Monde libertaire » n° 1793 de mars 2018
Je repose à l’ombre du silence qu’à présent j’entends
je repose à l’ombre du ciment
je repose à l’ombre du pouvoir le plus absolu
celui que j’ai toujours combattu
je repose à l’ombre de votre condition d’esclaves
qui vous a toujours mis à genoux
et c’est vous les portes et vous n’avez pas de clés
je repose à l’ombre de l’État…

Pour la seule liberté
je suis né un jour et j’ai vécu
et j’ai lutté et j’ai perdu.
Pour la seule liberté
je suis né un jour au milieu des gens
qui ne veulent rien entendre
Pour la seule liberté
j’ai semé la révolte
à chaque rue et à chaque carrefour.
Pour la seule liberté.

Je repose à l’ombre de mes compagnons tués
du temps qui ensuite nous a divisés
de votre regard qui se pose sur le mien
sur quelque photo poussiéreuse.
Je repose à l’ombre de votre oubli blafard
je repose sans jamais trouver la paix :
toujours des maîtres, il y a toujours quelque dieu
pour opprimer un peuple qui se tait !

Pour la seule liberté
à travers le monde j’ai toujours couru
et sans l’ombre d’un remord.
Pour la seule liberté
j’ai refusé demeure et richesses
et le pouvoir et le travail. 
Pour la seule liberté
d’un monde qui n’en voulait pas
et puis — dans les chaînes — la pleurait.
Pour la seule liberté

Je repose à l’ombre de ceux qui croient que j’ai été 
un rêveur ou un exalté
et de ceux qui croient que tout va bien aujourd’hui :
démocratie et nouvelles chaînes.
Je repose à l’ombre de qui lit l’un de mes traités
au lieu de descendre occuper les rues
et moi qui hurle, moi qui ai couru, qui ai lutté,
je repose dans les librairies.

Pour la seule liberté
j’ai écrit, j’ai aimé et j’ai lutté, 
pas pour être étudié.
Pour la seule liberté
quand je ne pouvais lancer des pavés
j’ai fait de nouveaux pas en avant.
Pour la seule liberté
contre toute forme de pouvoir
et pour ne pas devoir voir
ma chère liberté…

Ma chère liberté
un chiffon rouge, saignant 
de la main d’un État des plus intrigants.
Ma chère liberté
vendue comme une putain :
liberté américaine.
Ma chère liberté
devenue une parole
qui s’étrangle au fond de la gorge.
Pour la seule liberté

Je repose à l’ombre profonde et sombre
je repose à l’ombre de la peur
je repose à l’ombre qui devient de plus en plus noire :
hiver sans printemps…
… Et pourtant il y en a qui luttent encore dans ce monde
et qui revendiquent et qui sont déterminés !
Et alors un rayon lumineux d’espérance
me fait reposer au soleil…

Me fait reposer au soleil ! 
PAR : Alessio Lega (2007)
Traduction de l’italien : Monica Jornet.
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