De la foi et des femmes

mis en ligne le 28 janvier 2010
Le Coran et les femmes. Voilà un livre utile. Parce que le Coran est, lui, un livre obscur. Et peu lu, tant il est bâclé, bégayeur, biscornu, brèche-dents, calamiteux, incohérent, obscur. N’oublions pas qu’en sus d’être mal écrit, il l’a été dans une langue, l’arabe classique, que ne parle plus guère le peuple même auquel il était destiné. L’arabe du Coran semblera aussi incompréhensible à une lectrice arabe d’aujourd’hui que le français du Moyen-Âge à une lectrice française de 2010.
Une raison parfaitement suffisante pour se procurer ce livre réside donc dans son appendice, où Juliette Minces a rassemblé l’intégralité des versets qui font référence aux femmes, nous évitant la pénible tâche de devoir les pêcher dans l’opaque marais coranique. Nul ne s’étonnera qu’une large part de ces versets portent en réalité sur la récompense promise aux hommes, les fameuses soixante-douze houris toujours vierges mais toujours amoureuses, toujours disponibles. Mentionnons que les oulémas (un « ouléma » est un « homme de science », si, si) affirment avec un bel ensemble que l’élu musulman moyen disposera, et c’est logique, d’une verge toujours droite, dénuée du moindre méat. Car les théologiens islamiques, avec leur profonde fascination pour tous les fluides corporels, affirment unanimement qu’au paradis, point de sperme ni d’urine. En compensation de cette mutilation (mon méat est mon ami), tous citent le hadith de Mahomet selon lequel on coïtera, sic, « par saccades ! par saccades ! ». Si vous ne me croyez pas, consultez votre imam. Ce qui nous écarte un peu des femmes.
À propos, iront-elles au paradis ? Il y a entre trente et quarante versets qui décrivent le bonheur masculin au paradis, il n’y en a que deux (Le repentir, 73, et Ya Sin, 56) qui acceptent, du bout des lèvres, la présence des tentatrices. Ya Sin : « En compagnie de leurs épouses, ils se reposeront dans l’ombrage, appuyés sur des sièges. » Celui-ci est un peu ambigu, puisque les houris seront les épouses des élus. L’autre l’est moins : « Dieu a promis aux croyants, hommes et femmes, les jardins où coulent les torrents […]. » C’est clair, mais bref.
Je m’étonne par ailleurs que la théologie islamique, tout aussi ergoteuse, coupeuse de cheveux en mille, et peseuse de pets de moustique que ses consœurs juive, chrétienne ou bouddhiste, ne se soit pas posé la question du coït paradisiaque, saccadé ou non, des jeunes croyantes décédées avant le mariage. Nulle mention de soixante-douze bandeurs au corps calleux toujours prêt, méat ou pas méat.
Mais j’entends le chœur des lectrices : « Ô Nestor ! Et si on parlait des femmes réelles et vivantes, hein ? » Bon. Vous l’aurez voulu.
Les musulmans, qui dans leur majorité, n’ont pas lu le Coran, ou s’ils l’ont lu enfants, ne l’ont que répété sans jamais en comprendre une phrase (consultez votre plus proche voisin musulman), affirment que l’islam fut un progrès pour les femmes. Même au VIIe siècle après, pardon, Jésus. Selon Juliette Minces, ceci est un des mythes de l’Oumma (la communauté des croyants). Pour l’approuver, il suffit de lire les versets qu’elle cite : « Il vous est défendu d’épouser des femmes mariées, excepté celles qui seraient tombées entre vos mains comme esclaves » (verset 28, sourate « les Femmes »). Saluons, chapeau bas, la grande élévation morale du Coran. Ce livre des livres ne voit aucun inconvénient à ce qu’un croyant, destiné au paradis, achète aux marchands d’esclaves des femmes destinées à son propre plaisir sexuel. Qu’elles aient été précédemment mariées ou pas, on ne voit d’ailleurs guère en quoi il serait plus moral d’acheter des esclaves sexuelles précédemment célibataires. Nulle part dans le Coran, nulle part dans l’instructif ouvrage de Juliette Minces, on ne lit que Mahomet, « le Beau Modèle », le meilleur homme qui fut jamais, selon l’Oumma, a exigé que l’on rende leur liberté aux esclaves, et que l’on n’ait de relations sexuelles qu’avec une personne consentante. Certes, on ne peut guère s’y attendre de la part d’un homme qui a épousé Aïcha à 6 ans. L’Oumma pousse aussitôt un grand cri : « Mais Mahomet aimait et respectait les femmes, pour lesquelles il était plein de bienveillance, la preuve, il n’a défloré Aïcha qu’à 9 ans ! »
Il y a des bienveillances qui se perdent.
Enfin, mettons un terme à un débat qui agite depuis longtemps les foules : oui ou non, les hommes sont-ils supérieurs aux femmes ? Ah, infidèles ignorants, que ne lisez-vous la sourate IV, justement intitulée « les Femmes », dont le verset 38 enseigne, sans la moindre ambiguïté : « Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes. »