Abolition du capitalisme

mis en ligne le 11 mars 2010
Le court terme est nécessaire pour vivre, sans pour autant tomber dans le réformisme et tout en rappelant le but final et l’analyse de fond.
L’économie n’est pas une science mais une technique. On peut se perdre dans les multiples formes du capitalisme, dans des analyses conjoncturelles et partielles, et oublier l’analyse structurelle, critique de fond et globale.
Ainsi, on se perd dans l’analyse conjoncturelle des multiples formes du capitalisme financier dont la spéculation entraîne une perte du lien entre capital financier et capital productif. Le capital financier enfle pour un profit maximum à court terme, ruinant le capital productif. C’est la bulle financière qui éclate. C’est la crise conjoncturelle.
Cependant les formes du capital sont complémentaires et antagonistes à la fois dans leur intérêt propre. Le capital financier investit dans le capital productif qui produit des objets ou des services que le capital commercial vend. Mais chaque capital veut le maximum de profit au détriment de l’autre. Situation paradoxale où l’un a besoin de l’autre et le ruine.
Mais sur le fond, il n’y a pas à choisir entre une forme ou une autre. Le capitalisme est le même système quelle que soit sa forme, libéral ou social démocrate ; productif, commercial ou financier ; privé, étatique ou autogéré « dans une banque du peuple ».
C’est l’existence même de plus-value qui est à l’origine de la crise. Du fait du profit, le prix de vente est supérieur aux salaires qui ne peuvent plus acheter toute la production, d’où surproduction, chômage et crise. Toute la production ne pouvant être vendue du fait du profit, le profit baisse, conséquence et non cause de la crise comme le prétend Marx. Paradoxe pervers de la plus-value, la pénurie s’instaure en phase de surproduction, le profit tue le profit et la concurrence tue la concurrence où le gros mange le petit en augmentant la productivité qui accroît le chômage et en baissant les salaires, ce qui baisse la consommation, pour conquérir les marchés. Reste que sur le fond, c’est la question de la plus-value qui s’oppose à la distribution des richesses.
Pour sortir de la crise, le capital ne peut fonctionner qu’en expansion à l’infini avec ses dégâts sur l’environnement. Le capital financier doit investir dans un nouveau marché, marchandise réelle ou virtuelle, créateur d’emploi. La plus-value se transforme en valeur ajoutée salaire, ce qui relance l’économie, quitte à produire inutile voire nuisible. Mais c’est pour plus de plus-value, nouvelle crise, nouveau marché, et ce sans fin.
Le seul but du capital est le capital lui-même s’accroissant sans cesse par la plus-value. Les activités sont perverties, conçues pour le profit et non pour répondre aux besoins.
La plus-value est un phénomène pervers. C’est un vol du travail de l’autre légalisé par les lois bourgeoises. L’avidité narcissique en veut toujours plus en exploitant l’autre qui serait manipulable et sans existence propre reconnue, non sans cruauté sadique de créer la misère. Ceux qui meurent de faim sont les sacrifices humains d’une société barbare sur l’autel du capital.
Autre paradoxe pervers de la crise, le désir imaginaire est sollicité pour consommer toujours plus tandis que le besoin réel, essentiel, n’est pas satisfait faute de moyens financiers. Cela renvoie au stade originaire de la psyché où il y a dissociation entre imaginaire et réel, entre psyché et corps, source de haine psychotique. On peut noter que l’État et la religion, par leur transcendance et leur idée de l’être coupée du moi réel, maintiennent cette dualité entre l’esprit et le corps dans une perte d’unité de la personne.
À cela s’ajoute la critique de l’argent, pure abstraction coupée du réel, symbole schizophrénique, qui ne fonde aucune identité. Mais cela demanderait un autre développement et une analyse particulière.
L’idéologie capitaliste ne conçoit la société que comme un marché, l’échange comme un rapport marchand, et l’existence comme statut de marchandise avec son prix comme pseudo-individuation. Il détruit l’entraide, où l’individu et le social sont complémentaires, et la trame socioculturelle qui participe au sentiment d’identité dans l’évolution des processus psychiques chez l’être humain.
La crise vient révéler cette rupture entre imaginaire et réel avec sa haine psychotique et cette perte d’identité qui fondent le fascisme et son délire « d’identité pure » qui, dans la forme paranoïaque de l’État et de la religion, impose un ordre social uniformisé et totalitaire au service du capital en crise dans une haine de l’autre qu’il faut exterminer.
Du fait de la plus-value et de l’argent, le capitalisme ne représente pas l’économie réelle. Il faut redéfinir l’économie pour répondre aux besoins réels des gens par le partage du travail et des richesses. C’est le socialisme libertaire de l’autogestion par les travailleurs et les usagers des moyens de production et de distribution, par le travail libre seul ou associé, dans le cadre politique de la commune libre, autonome et fédérée, fondée sur la démocratie directe à la base.