L’école, on connaît. Et l’EPEP ?

mis en ligne le 25 février 2010
Mais qu’est-ce qu’un EPEP ? C’est un établissement public d’enseignement primaire.
Pourquoi ne plus parler d’« école » ?
Parce qu’un établissement coûte moins cher qu’une école ! Un EPEP, c’est le regroupement de plusieurs écoles avec un seul directeur, gain de postes, gain de moyens !
Darcos annonçait 57 millions d’euros d’économies avec la création des EPEP.
C’est aussi un établissement géré par un conseil d’administration dans lequel les enseignants ne seront pas majoritaires.
Cela veut donc dire que les potentats locaux décideront de la gestion des écoles. Cela va devenir dur pour les enseignants qui n’auront pas la bonne carte dans la bonne commune !!! Leur avis ne sera ni retenu ni souhaité.
À Nogent ça commence…
Nogent-sur-Marne se situe dans le Val-de-Marne, département où les pratiques d’inspection sont les plus réactionnaires et les plus proches de la politique gouvernementale. C’est sans doute pour cela que le maire UMP de cette ville s’est permis de réunir les associations de parents d’élèves pour annoncer la fusion de deux écoles en en désignant déjà le futur directeur !
Tiens ! Maintenant ce n’est plus l’Éducation nationale qui décide de son personnel…
Le maire justifie cette fusion en commentant les évaluations nationales, école par école ; au vu des résultats de ces évaluations nationales, il classe les équipes d’enseignants en se permettant de faire un lien direct entre les résultats et la valeur des équipes. Et cela devant l’inspecteur de l’Éducation nationale qui lui avait gracieusement transmis les évaluations en question !!!
Tiens ! On ne parle plus de confidentialité ni de devoir de réserve !
Reste-t-il encore quelqu’un pour croire que ces évaluations n’étaient pas faites pour mettre les écoles en concurrence ?
La fusion des deux écoles constituerait un établissement de 28 classes, soit plus de 700 élèves ! Il est actuellement avéré que les grosses structures génèrent des tensions, de l’anonymat, de la détresse tant chez les enfants que chez les enseignants. Le maire de Nogent, serviteur zélé du gouvernement, impulse la baisse de la qualité de l’école publique. Il sait que les enfants de milieux favorisés iront dans des écoles privées subventionnées par nos impôts.
Il utilise les évaluations à des fins politiques et financières, c’est l’avenir qui nous est promis si nous ne bougeons pas.
Il annonce déjà une deuxième fusion d’écoles dans sa ville !
Nous refusons que la municipalité décide de valider ou non les projets pédagogiques des enseignants, l’école a besoin de se tenir à distance des politiques à court terme pour assumer son rôle éducatif.
Un groupe scolaire de 700 enfants géré par une organisation comptable va fonctionner en s’appuyant sur l’autoritarisme et le règlement. Cela se nomme EPEP. La pédagogie étant mise au rencart par le ministère de l’Éducation nationale, le mot « école » disparaît avec elle.
Ce nouvel enseignement est celui d’une société qui garde les privilèges de l’éducation pour son élite et condamne les autres à subir l’autorité, la médiocrité et le dégoût d’apprendre.
Nous avons besoin des petites unités dans lesquelles les enfants ont le droit d’exister comme enfants et non seulement comme élèves. Des écoles où la voie de l’acquisition peut être le tâtonnement expérimental, où apprendre et travailler peuvent être un plaisir, où la curiosité des enfants est utilisée comme moteur, où la collaboration est indispensable dans le respect de soi-même et des autres.

Isabelle G., groupe P. Besnard