Offenbach et les va-t-en-guerre

mis en ligne le 11 février 2010
Plusieurs camarades de la Fédération anarchiste sont déjà allés voir cette petite merveille, La Grande-duchesse de Gérolstein, de Jacques Offenbach. Ils en sont ressortis joyeux et ravis et m’ont demandé d’en faire une petite critique dans Le Monde libertaire. Pour ce qui est de l’histoire, elle se situe dans un duché imaginaire. Un jeune soldat, Fritz, pas très futé mais direct, rechigne à respecter les ordres et la discipline militaire. Son chef le harcèle, mais heureusement, la grande-duchesse, assez proche de l’hystérie, est « folle des militaires » et en pince pour lui. Pour s’en rapprocher, elle le fait monter rapidement en grade (en cinq minutes, il se retrouve général en chef de toutes ses armées) et lui remet le soin de commander le prochain combat. En effet, comme le souligne Christophe Tzotzis, le metteur en scène, qui se commet parfois dans notre journal, « quand elle s’ennuie, la grande-duchesse se mêle de politique. Quand elle se mêle de politique, elle se mêle des affaires du grand-duché. C’est-à-dire aussi des affaires du Premier ministre Puck. Ce dernier fait donc déclarer la guerre. Et la guerre, ça, la grande-duchesse en raffole. ça l’occupe : de la grande politique ! ». Mais, voilà, Fritz a une fiancée : Wanda, et là l’histoire se corse (comme aurait dit Napoléon-le-petit !) et tous les ingrédients de cette opérette comique sont rassemblés pour nous faire passer, grâce à la présence de douze chanteurs lyriques pros et amateurs, un piano et des décors et costumes « très BD », une heure trente sans entracte (alors que l’œuvre originale fait trois heures), où l’on n’a pas le temps respirer, tellement cela va vite. Comment vont faire l’ancien général en chef pour récupérer son grade, le ministre le pouvoir et le prince Paul, prétendant de la grande-duchesse, pour la récupérer, elle ? Pour le savoir et en ressortir éberlués – tout en fredonnant les plus grands airs de cet Offenbach irrespectueux et poil à gratter du pouvoir sous Napoléon III (« Ah ! que j’aime les militaires, Le sabre de mon père, Dites-lui, Le Carillon de ma grand-mère… », etc.) –, il suffit de se rendre avant le 28 février (dépêchez-vous !) au théâtre Marsoulan, 20 rue Marsoulan, Paris XIIe, métro Nation. Les jeudis à 21 heures, les samedis à 19 heures et les dimanches à 15 h 30. L’adaptation est de Christophe Tzotzis, les costumes de Michèle Dalibot, les décors de Luc Weissmüller (auteur de bandes dessinées) et d’Agnès Cailloux. Et le prix des places est trois fois, voire quatre fois moins élevé qu’à l’Opéra Bastille, pour y entendre de vrais chanteurs lyriques ! Voir également les critiques sur le site : www.grandeduchesse.com et… bon spectacle !