Les enfants ne sont pas des marchandises !

mis en ligne le 25 mars 2010
Après avoir détruit un certain nombre de choses, le gouvernement s’attaque désormais au domaine de la petite enfance et veut faire passer un décret modifiant la situation actuelle : ce décret porte atteinte à la qualité d’accueil des bébés et des jeunes enfants, et aux conditions de travail du personnel dans les crèches, haltes-garderie, etc. Notamment en diminuant la proportion de personnel la plus qualifiée (éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, etc.) et en augmentant la possibilité d’accueil des enfants (par exemple une crèche de 60 places passera à 72).
Le gouvernement souhaite également faire une expérimentation des jardins d’éveil qui accueilleraient les enfants de 2 à 3 ans (et qui ne seraient donc pas scolarisés) avec un taux d’encadrement de 15 à 20 enfants par adulte ! Conséquence logique de la suppression des postes d’enseignants et donc augmentation de l’âge de scolarisation en école maternelle. Par conséquent, des jardins d’enfants payants et avec un maximum d’enfants par adulte pour éviter de payer trop de personnel. Rentabilité, rentabilité quand tu nous tiens !
Attendez, ce n’est pas fini : ce décret prévoit aussi la création de « maisons des assistantes maternelles » sans règle de fonctionnement, ouvrant le plus possible, avec le maximum d’enfants dans une pièce. Rentabiliser les lieux, les personnes, au détriment des enfants et du personnel. Pas de respect de l’enfant, de son rythme, de son bien-être, et pas de respect pour les parents et les professionnels. Le secteur de la petite enfance est visé par la fameuse directive Bolkenstein (mise en concurrence des établissements d’accueil du jeune enfant) qui aurait pour conséquence de déréglementer l’accueil collectif et supprimerait les subventions publiques aux établissements. Pour résumer : ceux qui ont de l’argent pourront avoir une crèche de qualité. Les autres seront contraints de laisser leur enfant parmi de nombreux autres, à un personnel pas assez nombreux et insuffisamment formé.
La conséquence de tout ça : une grève et des manifs partout en France le 11 mars dernier pour dénoncer ce décret. Soit 50 % de grévistes et 8 000 à 10 000 manifestants à Paris, 900 à Grenoble (70 % de grévistes) ou encore 1 000 à Bordeaux. C’est historique dans ce secteur de voir une telle mobilisation. À la fin de la manif à Paris, une délégation a été reçue par une conseillère technique de Fillon qui leur a dit que le décret serait bientôt soumis au Conseil d’État. En gros : on vous reçoit mais bon, on n’écoute pas, on fait ce qu’on veut et on vous emmerde ! Mais qui en doutait ? Cette manif m’a permis de rencontrer la CNT, présente avec sono et drapeaux : ça fait plaisir ! Ils informaient les gens sur ce qui s’était passé à « People and Baby », une entreprise qui gère des crèches (voir l’encadré, reprenant une partie de leur tract) 1. Le 23 mars, un rassemblement et une demande de négociations sont prévus et si l’État ne lâche rien, le 6 avril ce sera la grève nationale. Ils pensent pouvoir négocier, c’est beau les rêves !
Nous ne lâcherons rien (enfin, pas si des syndicats pourris signent) !

Caro, groupe Béton armé (Paris)

1. Une fête de soutien aux salariées mis à pied aura lieu le 28 mars de 14 heures à 21 heures au 33, rue des Vignoles, 75020 Paris.