Sainte Pédophilie priez pour nous !

mis en ligne le 8 avril 2010
Quand j’avais l’âge où j’aurais pu être victime d’un pédophile, mes copains, ou du moins beaucoup de mes copains, allaient au catéchisme. La plaisanterie classique, obligatoire, de ces années 1960 consistait à leur recommander de n’y aller que munis d’un slip en béton. Cette mince anecdote résume bien des choses. En particulier l’indifférence avec laquelle, longtemps, la pédophilie, catholique ou non, fut largement, sinon tolérée, du moins vue comme de peu d’importance tant que les enfants en sortaient vivants et en une seule pièce. Chacun savait qu’un prêtre pouvait avoir les mains baladeuses, et que dans les pensionnats et les sacristies, les culottes étaient moins protégées que les consciences. Cela ne soulevait guère l’indignation des foules. Il fallut les atroces crimes de Dutroux, et la plus atroce encore apathie (pour utiliser un mot généreux) des autorités belges, pour que l’on se rende enfin compte que, si l’enfant a bien une sexualité, cette sexualité ne fait pas de lui un partenaire égal pour un adulte. Dans la longue et riche histoire de la pédophilie occidentale, l’Église catholique est médaille d’argent. Car il faut bien admettre que l’or va aux Grecs et aux Romains. Ils portèrent la pédophilie aux nues. Littéralement, puisque Zeus se transforme en aigle pour kidnapper l’impubère Ganymède et en faire son esclave. Oui, impubère le Ganymède ; l’amour pédophile grec était censé s’évanouir dès que le garçon montrait des poils de barbe. Du moins, les Grecs et les Romains ne racontaient-ils pas, ou pas trop, de sornettes, sur le sexe. Et le guerrier trentenaire qui sodomisait le garçonnet de 12 ans ne prétendait pas le faire dans le but de lui enseigner la beauté de la chasteté.
Le scandale particulier de la pédophilie catholique, si ancienne, si répandue, si banale réside évidemment dans son hypocrisie. Voilà une institution qui prêche, à s’en égosiller, que le sexe est le Mal, que la masturbation rend sourd, que la pilule est un concentré de démon, que le stérilet est la guillotine du salut, mais qui sait, depuis mille ans au moins, que nombre de ses prêtres, personnages sacrés, canaux de la grâce, sel de la terre, labourent les anus des gamins confiés à leur sainte sollicitude. Et elle laisse faire. Lorsque tel ou tel prêtre viole non plus par dizaines, mais par centaines, le corps du Christ sur Terre (définition théologique de l’Église) se contente de déplacer le prêtre, de l’envoyer là où on ne le connaît pas. Bref, là où l’attend une nouvelle moisson d’anus encore vierges. Mais la tolérance dont bénéficiait la pédophilie n’existe plus. On pourrait discuter de la manière dont le pédophile est devenu le nouveau démon. On pourrait se pencher sur l’usage, par les médias, de crimes immondes mais individuels pour réclamer toujours plus de surveillance et de répression. Mais on ne se lamentera pas du fait que le viol est à présent condamnable et condamné, en particulier s’il est perpétré sur un enfant. Ce qui nous reste, c’est une hésitation. Faut-il rire ou vomir ? Les deux sans doute devant le spectacle de l’extraordinaire aveuglement de l’institution la plus patriarcale, macho, antisexuelle de l’Occident, l’Église catholique. Alors même qu’elle perd des fidèles par dizaines de milliers à cause de son acharnement pathologique à éteindre leur sexualité, elle bâille avec indifférence devant les crimes sexuels de son élite ! Rat-en-zinc, qui devrait fulminer, écraser les suceurs d’enfants de chœur sous l’horrible châtiment de l’excommunication, transformer son cher Opus Dei en KGB des presbytères, se contentent d’envoyer une lettre. Quant à toucher à la cause directe, évidente, de l’industrie catholique de la pédophile – le mélange pervers, contre-nature, d’une institution strictement monosexuelle avec une idéologie fanatiquement antisexuelle –, il s’en garde bien. Les prêtres orthodoxes ont beau prêcher les mêmes dangereuses stupidités que les catholiques, on n’entend guère parler de popes pédophiles, parce que les popes sont mariés. (Les connaisseurs du folklore russe racontent néanmoins de bien belles histoires de popes lubriques.) Quant aux protestants, version jaunâtre et sinistre européenne, ou version Las Vegas tiroir-caisse américaine, si les scandales sexuels ne leur manquent pas, du moins les enfants peuvent-ils respirer, ils n’ont pas le gland de leur pasteur entre les amygdales. Mais que l’on se rassure, cet article n’est pas écrit dans le but de suggérer la réforme du droit canon. Je ne suis pas pour l’extinction du célibat des prêtres, je suis pour l’extinction des prêtres.