Du rififi dans le Livre

mis en ligne le 5 novembre 2009
Nouvelle péripétie dans la lutte qui oppose depuis plusieurs mois le syndicat général du livre et de la communication écrite CGT (SGLCE) et le syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), les quotidiens nationaux étaient absents des kiosques le mercredi 27 octobre dernier.
À la suite des États généraux de la presse écrite tenus fin 2008 et afin de régler le problème des conditions d’impression de la presse quotidienne nationale qui handicapent lourdement les quotidiens français dans une conjoncture déjà très difficile, les éditeurs du SPQN ont engagé avec leurs partenaires sociaux un cycle de négociation important à partir de mars 2009.
Après huit mois de négociation et de nombreuses réunions, les éditeurs du SPQN, ont présenté à leurs partenaires sociaux un texte d’accord définitif prévoyant à la fois des modalités de modernisation du fonctionnement des imprimeries de la presse quotidienne nationale et un dispositif de reconversion exceptionnel appuyé sur des formations longue durée pour assurer le reclassement dans les meilleures conditions des ouvriers et cadres techniques concernés. Le SGLCE a, lors de cette rencontre, rappelé la position de la CGT : le refus des licenciements.
Il demande la suppression de toute référence aux licenciements dans les textes. Les moyens exceptionnels de l’État pour la formation professionnelle doivent être utilisés pour former les ressortissants des bureaux de placement en priorité et des salariés volontaires, et non pour augmenter le nombre de chômeurs. Le dispositif pour les seniors est à reconstruire en grande partie pour sécuriser les parcours de fin d’activité professionnelle. En effet, les mesures proposées par le SPQN tiennent plus du château de cartes ou de l’usine à gaz que d’un dispositif social équilibré permettant de basculer dans un système de retraite complète par répartition.
Le syndicat patronal a beau jeu dès lors de brandir la menace de la disparition des métiers de la photogravure, de l’impression et de la distribution des journaux, au profit pur et simple des éditions en ligne et des médias concurrents. Lesquels ? Le communiqué ne le dit pas. Refrain connu depuis longtemps par le SGLCE qui a perdu longtemps l’habitude de s’émouvoir. Le problème des reclassements est un peu ancien et maîtrisé par les négociateurs du syndicat du Livre. Il avait fallu cinq semaines d’occupation de l’usine à l’Imprimerie nationale de Choisy-le-Roi pour aboutir à un accord garantissant soixante mois de reclassement.
Ce syndicat du livre a la réputation non usurpée d’une organisation très dure en affaire. On se souvient entre autre de glorieuses prises de guerre lors du démantèlement de Manufrance à Saint-Étienne ou les patrons des NMPP avaient découvert dans leurs locaux un important stock d’armes et de munitions dans les années 90. L’affaire fut étouffée en échange de l’impunité des syndicalistes. Pour se défendre le syndicat avança qu’il y avait aussi des vélos. Alors s’il y avait des vélos…