Nouvelles des Fronts

mis en ligne le 5 novembre 2009
Salaires en baisse de 17 % en 2008, mais de qui parle-t-on ? Qui sont ces sacrifiés de la crise ? Qui l’eut cru, ce sont les grands patrons. Mais qu’on se rassure sur leur sort, la moyenne de leur salaire s’élève très modestement à 240 fois le Smic par an et les députés complices ont refusé par souci de justice sociale que l’on touche à leur retraite chapeau dont le principe est simple : tu cotises peu et ça rapporte gros. Dans le même temps, manifestation à Paris et à Marseille pour protester contre l’érosion des pensions de retraite des salariés et annonce par le ministre du Travail, toujours dans le souci de l’illusoire intérêt général de « traiter » la question des retraites dans la fonction publique en 2010. Une fois de plus les fonctionnaires vont porter le chapeau et le privé sera, on peut y compter, décoiffés dans la foulée. Le suicide au travail est d’ailleurs une mesure qu’il faudrait généraliser pour aller dans le sens du ministre, tu bosses jusqu’à 65 ans, tu te fais sauter le caisson et le tour est joué, plus de problème de retraite. Ça, c’est du management ! Renault, PSA, France Télécom, Thalès, nous ouvrent la voie.
Le congrès d’une CGT alignée et responsable se prépare et fait exceptionnel Thibault aurait un challenger « lutte de classe », une première depuis 1948. Mais, là encore, chapeau bas, sa candidature serait statutairement irrecevable. Nous voilà rassurer l’appareil juridique néostalinien fonctionne toujours bien. Par ailleurs et sans procès d’intention, tous les oppositionnels à la CGT ne sont des enfants de cœur, certains sont d’authentiques syndicalistes mais beaucoup d’autres magouillent pour telle ou telle officine et se badigeonnent le derrière avec la Charte d’Amiens.
Vive la lutte internationale d’autant que celle-ci se passe à Paris où 3 600 sans-papiers du monde entier, la « MOI » 1 contemporaine, occupent pour être régularisés de nombreux lieux : chantiers du tram dans le 19e ou restaurant du Centre Beaubourg dans le 4e… et 30 000 manifestants se sont rassemblés autour des métallos du Nord pour la défense de l’emploi industriel… Ce n’est qu’une goutte d’eau dans la vase du marigot social mais dessous, ça bouge encore. Grève des salariés dans les transports routiers avec blocage des plates-formes d’approvisionnement, grève à Pôle-emploi, à la SNCF pour défendre le fret, dans les magasins Surcouf contre la réduction des salaires (Ouf, y’a pas que les grands patrons qui trinquent), grève dans les imprimeries de la presse parisienne où 260 emplois vont passer à la casse. Grève encore chez Servisair où 420 CDI ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés suite à un changement de prestataire sur le marché de la restauration aérienne. Grève des éboueurs à Toulouse pour une augmentation des salaires, la Ville rose a senti l’œuf pourri. Grève encore à Marseille à la SNCM et dans la réparation navale (UNM). Préavis de grève en Guadeloupe à l’appel du LKP suite à l’augmentation du prix de l’essence, les békés récupèrent sur la bête ce qu’ils ont cédé en janvier. Ça lutte donc ici et là, mais toujours en ordre dispersé…
Lutter et se faire enfler, ça arrive aussi, retour à la case départ pour les Continental à Clairvoix dans l’Oise, plus de repreneur et 1 120 licenciements sur la piste. Dunlop, grève spontanée à Amiens (60) contre les 4x8 que les salariés avaient acceptées pour éviter des licenciements en début d’année. Les 4x8 tuent à petit feu continu. Idem, pour les ex Motorola de Freescale à Toulouse expulsés par la police de leur usine, 1 600 emplois à la trappe. Plus malin les Chaffoteau-et-Maury, après avoir jeté des œufs sur le siège de l’entreprise à Saint-Denis (93), ils ont décidé, en guise de trésor de guerre, de séquestrer 1 000 chauffe-eau. Plus difficile à écouler qu’une montre Lip, mais chapeau rond les Bretons !
Ailleurs, malgré la reprise (de la spéculation), les emplois disparaissent. Michelin en Saône-et-Loire compte en liquider 470, le Club Med environ 70, la FNAC Paris 170, GSK (Glaxo) 434 de plus dans l’Hexagone qu’en perd ses quatre coins. Newlogic innove et vire 60 salariés à Sophia-Antipolis (06) 2 ThyssenKrupp, le marchand de canons, pardon de poids lourds, dégagera à l’Horme dans la Loire en juin 2010, 373 petits hommes en bleu. Le même Thyssen au niveau mondial dans cette funeste année en bradera 20 000. British-Airways, plus mesuré, réduira de 1 700 son personnel (mal) embarqué. Quant à la Poste belge pour qui on n’a pas votationné, les postiers ont intérêt à bien tenir les enveloppes. En effet, des dizaines de bureaux de poste vont fermer, ouverture du marché oblige. J’ouvre donc je ferme, où va se nicher la logique libérale ! Et dans ce cadre, il est prévu par mesure d’économie de faire distribuer le courrier par des chômeurs, des étudiants, des femmes au foyer, des agents de la RATP 3. Votationner et puis après référender, tu parles d’un programme de résistance !
Votationnons pour les 182 blocs opératoires qui sont menacés de fermeture, votationnons pour plus de Rased dans les écoles, votationnons pour votationner puis référendons…
Au programme, une petite journée de grève à la mi-novembre dans l’Éducation nationale contre les suppressions de postes annoncées et une manifestation des précaires le 5 décembre sans doute pour « un travail décent, sans stress et sans retraite chapeau ».
Fillon, tout fier n’annonce que 21 600 chômeurs de plus en septembre, le sinistre Ben Ali n’obtient que 89,62 % des suffrages et seulement quatre syndicalistes sont licenciés à EDF pour fait de grève. Tout baisse sauf les prix !


1. Allusion à la Main-d’Œuvre Immigrée (MOI) d’autrefois, fondée dans les années 1920 à la CGT-U et à sa glorieuse résistance antifasciste.
2. La « sagesse antipolice », un rêve technologique et industrielle au bord de la mer.
3. Pour la RATP, c’est à Paris où à la station de métro Simplon, on peut retirer ses lettres recommandées.