Premier Mai : sabre de bois ?

mis en ligne le 6 mai 2010
Le Premier Mai, « c’est une manifestation traditionnelle, et un gouvernement regarde toujours cela avec attention ». Ainsi s’exprimait la semaine dernière dans le poste, Éric Woerth, ministre du Travail. Sans le savoir ou presque il répondait à Bernard Thibault 1 secrétaire de la Confédération générale du travail qui déclarait vendredi dernier dans un quotidien hexagonal : « Ce Premier Mai sera tout sauf un rituel. » Diable, ça va saigner ? On aimerait tout d’abord remettre les pendules à l’heure. Celles et ceux qui militent depuis quelques lustres doivent, on l’espère, le savoir mais ces rappels s’adressent aux jeunes générations.
On ne reviendra pas sur le Chicago de la fin du XXIe siècle, sur les anarchistes allemands condamnés à mort au cours de l’affaire de Haymarket, tout ça est dans les livres d’histoire 2. Mais sur la dimension symbolique que ça a pris dans le mouvement ouvrier international.
En effet, avant la Seconde Guerre mondiale le 1er mai était un jour de grève. Les camarades, quand ils y pensaient, allaient à l’union locale CGT pour s’y faire recenser en tant que grévistes. 1594MaiDans les manifestations, on ne vendait pas du muguet l’esprit était à la démonstration de la force ouvrière, à une sorte de répétition du grand soir. Bon tout çà pour faire bref, on va dire que c’est du passé.
L’occupation allemande, la collaboration française ont changé la fête du travail en magnification du travail. La journée de grève qui devait faire trembler les capitalistes est devenue un jour férié qui tourne un peu trop souvent à la kermesse électorale. Déjà, à la Libération, on ne chantait plus l’Internationale mais la Marseillaise ! Heureusement, les états-majors politiques ont changé d’avis, toujours ça de gagné ! Mais pour les revendications ouvrières, le camp changeait et passait du syndical au politique.
Bon, revenons au XXIe siècle où l’intersyndicale de huit membres est tombée à cinq (CGT, CFDT, Unsa, FSU et Solidaires), depuis que, pour des raisons diverses, Force ouvrière, CGC et CFTC font cavaliers seuls. Faut-il croire qu’il y a plusieurs façons de défendre le droit à une vraie retraite ? Selon tous les chiffres, c’était moins bien que l’année dernière. On n’en n’est pas à brandir un sabre de bois, mais ça commence à y ressembler. C’est pourtant maintenant qu’il faudrait se mobiliser.


1. Pour celles et ceux qui militaient dans les années 1970 voire qui fréquentaient le Golf Drouot à Paris, Bernard Thibault restera toujours notre Ronnie Bird syndical.
2. Enfin, malheureusement pas tous…. Sur ceux qu’on a appelé les « martyrs de Chicago » consulter (entre autres) les sites RA forum et celui de Norman Baillargeon, http://nbaillargeon.blogspot.com/2009/05/le-massacre-du-haymarket1866-et-le.html.