Pavillon noir menacé : le squat caennais sous avis d’expulsion

mis en ligne le 6 juillet 2010
Deux ans de squat déjà, on est encore là et on se battra pour y rester !
Depuis deux ans, nous avons ouvert un squat politique autogéré, sur des bases libertaires et anticapitalistes, Le Pavillon noir, composé de deux maisons appartenant à la mairie de Caen. Elles se situent aux numéros 10 et 6 du boulevard Poincaré (arrêt de tram Aviation). Ces maisons étaient vides depuis plusieurs années. Elles ne sont pas seulement des lieux d’habitation mais aussi d’activités publiques. Durant ces deux années, nous avons organisé des dizaines de projections, de débats, de concerts, d’activités diverses, et réalisé de nombreux travaux. Se trouvent dans ce lieu une bibliothèque, un infokiosk (textes, brochures), une salle de réunion où se réunissent de nombreux collectifs, une zone de gratuité (vêtements à prendre ou à laisser sans contrepartie financière), etc.
Nous avons décidé d’occuper ces maisons afin d’expérimenter collectivement des formes de rapports sociaux plus libres (non marchands et sans hiérarchie) et d’ouvrir des espaces de coordination, de réflexion et de lutte, de ne plus payer de loyer (qui augmentent de plus en plus, comme la précarité).
Rappelons que les squats sont des lieux précaires, non pérennes, et que les expulsions, toutes directions municipales confondues, sont monnaies courantes. Quant aux expulsions locatives, elles s’élèvent chaque année à plus de 100 000, et les forces de l’ordre sont utilisées pour plus de 11 000 cas 1. Selon l’Insee, en 2009, la France comptait 2,01 millions de logements vides (6 % du parc immobilier) auquel nous pouvons ajouter 3 millions de logements secondaires ou occasionnels. Cette pénurie de logements est maintenue et renforcée par les spéculateurs dont le seul intérêt est l’accroissement de leur profit. Actuellement sur Caen, environ 7 500 logements, soit 5,4 % du parc immobilier sont laissés à l’abandon, alors qu’au même moment on essaye de nous faire croire qu’il y a une « crise » du logement. Pour ceux qui ont peu de revenus, le choix se limite à des logements privés, petits et chers, ou à des années d’attente pour des logements sociaux qui s’apparentent souvent à des cages à lapins, plus ou moins délabrés, mal insonorisés, dans des quartiers périphériques.
Après ces deux années de squat riches en expériences et en activités, la mairie a filé les lieux à la société HLM « La Caennaise », créée entre autres à l’initiative de la Ville de Caen, afin de construire des logements « sociaux ». La mairie nous a récemment envoyé deux courriers, signés par M. Jean-Louis Touzé, adjoint au maire, concernant les maisons du n° 6 et n° 10, courriers nous demandant de quitter les lieux de notre plein gré (afin d’éviter de devoir assumer politiquement une expulsion ?). Et, pour quelles raisons devrions nous quitter les lieux ? Pour qu’un « expert » passe voir s’il y a des termites, du plomb ou de l’amiante dans les maisons avant de pouvoir envisager de les raser dans un futur indéterminé ! Un prétexte fort ridicule. On en rit encore ! Voila donc des courriers bien étranges quand on sait en plus que le projet est encore loin d’être bouclé et qu’aucun projet de construction ne peut avoir lieu au n° 6 étant donné la petite surface occupée par la maison. Cela prouve que ce projet de construction de logements « sociaux » (dont les loyers risquent d’être relativement élevés) sert en partie de paravent pour tenter de mettre fin à une expérience autogestionnaire qui défrise nombre d’élus municipaux.
Nous n’allons pas nous laisser faire. Nous sommes dorénavant mobilisés et des assemblées générales et des rassemblements de soutien ont déjà été organisé. Vous pouvez aussi envoyer des messages de protestation auprès de la mairie, au standard : 02 31 30 41 00, ou par mail : mairie@ville-caen.fr
Solidarité contre toutes les expulsions !

Le Pavillon noir
10, boulevard Poincaré à Caen
la_mauvaise_herbe (arobase) no-log.org


1. Source : www.droitaulogement.org



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


56255Meuni

le 21 août 2010
Tenir un squat pendant deux ans c'est bien, bien sûr le tenir plus longtemps c'est mieux. Surtout si ce squat sert à des expressions associatives, politiques ou alternatives.