Voir Grenoble et mourir

mis en ligne le 20 juillet 2010

En direct de Grenoble, Hortefeux-de-bengale a déclaré ceci : « il y a une réalité simple et claire dans ce pays : les voyous et les délinquants n’ont pas d’avenir, car la puissance publique finit toujours par l’emporter. » Songeait-il à son collègue Woerth ? Sûrement pas. Hortefeux-de-paille visait clairement les émeutiers qui, depuis deux nuits, s’affrontent à la police dans le quartier de La Villeneuve. Ce quartier, ces derniers jours, semble être le nouveau terrain de jeux de tout ce que la puissance publique compte de spécialistes en matière de guéguerre urbaine : depuis que Karim, enfant de la cité, a été abattu par les forces dites de l’ordre — il venait d’attaquer un casino de la région, ce qui, bien entendu, mérite la peine de mort —, les flics se plaignent d’être la cible de tirs à balle réelle, comme c’est désormais la coutume depuis Villiers-le-Bel. Eux débarquent Famas à l’épaule, mais aimeraient que les mômes en face ne soient armés que de sarbacanes. Ce que veut la police ? Pouvoir dégainer sans danger, à l’abri de ses véhicules blindés. On est en droit de se demander si ce n’est pas aussi la guerre que cherche la police, un affrontement définitif. Ainsi Brigitte Julien, directrice départementale de la sécurité publique, expliquait que « la nuit, l’objectif est de faire des prisonniers. » Non pas de procéder à des interpellations, mais bien de faire des prisonniers. Comme à Bagdad, en somme. Or, c’est de notoriété publique, quand on parle de faire des prisonniers c’est pour, un peu plus tard, s’autoriser à ne plus en faire. Vas-y Rambo, no prisoner !