Les beaux jours du bouclier

mis en ligne le 22 juillet 2010

Dernières nouvelles du bouclier fiscal : interrogé à son sujet, Jean-François Copé, maire de Meaux, par ailleurs président du groupe Ump à l’Assemblée, a cru de bon de préciser le fond, voir le tréfonds de sa pensée : « si on supprime le bouclier, on n’aura plus que les yeux pour pleurer. » Manière subtile d’entonner l’air, mille-et-une fois rabâché, de la fuite des très hauts revenus vers des pays étrangers, si jamais nous prenait l’envie de les taxer comme il se doit. Façon de sous-entendre, également, que la majorité des recettes fiscales proviendrait de ces hauts revenus, ce qui bien sûr est inexact. Mais l’essentiel, pour Copé, est que « celui qui a réussi doit être mis en haut du podium, comme un exemple. » Au moins l’image a, cette fois, le mérite de la clarté en termes de course à l’échalote et de favoritisme échevelé. Il s’agirait aussi, selon monsieur le député-maire, « d’arrêter de chanter le Ah ça ira ! toute la journée, ces temps-là sont dépassés ! » Depuis le temps qu’on vous dit que la lutte des classes, c’est terminé, vous voulez toujours pas y croire ? Incorrigibles que vous êtes ! Enfin, histoire d’achever son intervention en beauté, Copé eut cette formule, fumeuse à souhait : « pour réduire le déficit publique, il nous faudra travailler mieux pour travailler plus. » Le lecteur se montrant capable d’expliquer le sens de cette bizarrerie gagne un abonnement à vie au Monde Libertaire. Quoi qu’il en soit, on l’a compris : le bouclier fiscal, et les riches par voie de conséquence, ont, en France, de (très) beaux jours devant eux.