Sarko et les voleurs de poules, épisode 2

mis en ligne le 3 août 2010
Mercredi 28 juillet a donc eu lieu à l’Elysée la réunion sur les « problèmes que pose le comportement de certains parmi les gens du voyage et les Roms », dixit la doxa sarkozyenne. Etaient présents la garde des sceaux, le ministre de l’intérieur et son alter Besson, rien que du beau monde entouré de ce qu’il fallait de représentants de la Nationale Maréchaussée. Au final et comme attendu, furent décidés le démantèlement de la totalité des camps Roms dits illégaux (dont la moitié dans les trois mois), l’expulsion « quasi-immédiate » de ceux d’entre leurs habitants ayant « commis des atteintes à l’ordre public » (une notion bien utile, de par le flou juridique qui l’entoure), l’accueil de policiers roumains en France, et, cerise sur le gâteau, l’envoi, dans les campements, d’inspecteurs du fisc. Il est vrai que, comme l’expliquait Hortefeux-à-volonté, « beaucoup de nos compatriotes sont à juste titre surpris en observant la cylindrée de certains véhicules qui trainent les caravanes. » Démagogie, dites-vous ? Retour aux antiques fantasmes? Certes, mais on n’avait pas tout vu : deux jours plus tard Sarkozy, en déplacement à Grenoble, après avoir clairement et posément relié immigration et délinquance, en rajoutait une couche, désignant les Roms comme autant de « clandestins », parlant, au sujet des campements, de « zones de non-droit. » Aux dernières nouvelles, donc, ces « zones » qui, pour certaines, n’ont pas reçu depuis des années la visite du moindre représentant de l’Etat, qui n’ont jamais vu l’ombre d’une assistante sociale, d’un médecin, d’un instituteur, constitueront demain le terrain de chasse de ces fonctionnaires du fisc qu’on n’ose pas envoyer chez la Bettencourt. A ce propos, ne serait-elle pas un peu « du voyage », elle, entre Seychelles et Suisse ? La suite au prochain épisode, pour l’heure, demeurons vigilants : les évacuations aoutiennes sont une spécialité de l’Etat. Evacuations contre lesquelles l’opposition parlementaire ne protestera que mollement, elle qui, depuis des jours, répètent qu’il ne faut pas confondre les « gens du voyage », Français, et ces pouilleux de Roms, dont ils se moquent comme de leur première caravane. Fut un temps ces gens-là ont laissé les Allemands déporter les Juifs étrangers et apatrides, pensant pouvoir ainsi sauver les Juifs français. On sait ce qu’il en advint.