Nouvelles des fronts

mis en ligne le 7 octobre 2010
Chaude, la rentrée annoncée mais de fait rien de tout ça. Défilé, journée d’action, défilé, grève non reconduite, journée d’action, défilé… jusqu’à épuisement et acceptation par KO « résignatoire » d’une loi inique et concoctée dans les sous-sols du Medef. CGT, CFDT et d’autres encore finiront pas signer après la concession de quelques miettes ou mieux encore ne signeront pas pour garder « les mains blanches », protesteront pour la forme mais de fait ne feront rien contre une réforme « inévitable »… Plus riches que jamais, l’Hexagone et les pays qui l’entourent réduisent les retraites des fidèles travailleurs, toujours acquis, même déçus, à l’État-providence, aux (t)rentes glorieuses, à la démocratie sociale (ou inversement), à l’association capital-travail. Mythe et illusion ont la vie dure, et malgré sa justesse le discours anarchiste n’est toujours (pas encore) entendu. Constat qu’il est sans doute bon de méditer…
Sur les fronts, la rengaine habituelle, licenciements, délocalisations, etc. Juillet et août connurent leur lot de licenciements, les vacances, on le sait, sont propices aux coups tordus. Huit cents postes supprimés à Téléperformance, annonce de 4 000 emplois menacés à Air France, suppression de 130 à Exxon Mobil en Seine-Maritime, référendum suicidaire à General Motors en Alsace… Et ça repart de plus belle en septembre. Quatre mille suppressions d’emplois confirmés à terme à l’APHP (la santé n’a pas de prix), nouveau vote suicidaire à Toulouse où les Conti du sud, face au chantage patronal, « acceptent » le blocage des salaires et la suppression de deux RTT en contrepartie d’un engagement de la direction de maintenir sur cinq ans 83 % des emplois. Élection piégée, les Bosch de Vénissieux (69) en savent quelque chose. Eux aussi avaient fait des concessions pour maintenir l’emploi, eux aussi avaient voté majoritairement pour la fin des 35 heures et l’emploi. Résultats des promesses non tenues : 350 suppressions de postes annoncées. Une balle dans le pied plus tard, espérons que la naïveté des uns, au demeurant bien compréhensible, permette la résistance du plus grand nombre à l’avenir. Que les 700 salariés de Vogica menacés par une liquidation judiciaire y pensent lorsque probablement, pour leur bien et leur avenir, le liquidateur leur demandera quelques sacrifices… avant l’exécution.
Tension sociale et appel à la grève illimitée à France 24 face aux dérives budgétaires de la direction ; reprise chez Manpower à Nanterre (92) après une semaine d’occupation du siège pour protester contre la réduction du nombre d’élus du personnel. Reprise après une belle victoire des ouvriers de Piper-Heidsiek, qui, face à la menace de 80 licenciements, ont bloqué au moment opportun, durant les vendanges, le processus de production. Attention toutefois au retour de bouchon une fois le pétillant embouteillé. Femmes en lutte, quatorze jours d’occupation chez Lejaby dans le Rhône pour refuser 197 licenciements sur 653 emplois pour cause de délocalisation, accord sur les primes de départ (15 000 euros) et jours de grève payés. Reprise enfin chez le papetier Svenka Cellulosa dans le Nord après neuf jours de grève suite à quelques promesses de reclassement pour les plus de 50 ans.
Malversation et travail clandestin. L’Union des industries et des métiers de la métallurgie (IUMM) a été mis en examen pour « travail dissimulé » par le TGI de Paris pour versement de primes non déclarées à des salariés roumains payés 3 euros par jour pour 17 heures de travail sur le chantier de restauration du Trianon (75) : l’exemple vient d’en haut, de très haut.
Dans le voisinage, mêmes causes, mêmes effets. Grève à répétition en Grèce face aux mesures de crise imposées par le Parti socialiste local. Marché du travail assoupli par le gouvernement socialiste de Zapatero en Espagne, plus de flexibilité et moins d’indemnisation en cas de licenciement par ailleurs facilité, donc grève générale. Et Aubry nous promet la lune pour 2012, allez comprendre quelque chose. Manifestation contre l’austérité aussi en Pologne, Irlande, Portugal, Pays-Bas, etc. ça va péter ! Un nouveau printemps des peuples ?
Quant aux staliniens russes recyclés FSB ou aux pur sucre cubains, ils annoncent des réductions massives du nombre de fonctionnaires dans leurs appareils d’État, 100 000 sur trois ans en Russie et 500 000 à Cuba. Appel à la grève dans le métro de Londres contre la baisse des effectifs et à la grève générale contre le plan d’austérité préparé par le gouvernement britannique. Grève dans la mine d’or el Cubo au Mexique, l’usine de gaz de Casanare en Colombie, grève chez Renault au Brésil, grève en Guinée à la compagnie des bauxites, chez Coca Cola en Afrique du Sud, dans le pétrole au Gabon, chez Hyundai en Inde, Michelin en Thaïlande ou encore en Algérie chez Arcelor-Mittal… Malgré les 47 millions de chômeurs dans les pays de l’OCDE, malgré les nouvelles émeutes de la faim à Maputo au Mozambique, partout où le capitalisme délocalise, partout les travailleurs s’organisent et résistent. L’avenir appartient bien à ceux et celles qui produisent la richesse collective.
Quant à nous, après le 2 octobre, rendez-vous le 12, puis le…, puis le… jusqu’à la retraite à 70 ans.