Qu’a-t-on entre nos mains ?

Courez voir Entre nos mains ! Ça se passe dans une usine de dessous féminins en faillite. Le patron veut déposer le bilan.
Six cadres salariés, quatre femmes et deux hommes, proposent aux ouvrières de reprendre l’affaire sous forme de scop (société coopérative ouvrière de production). Un individu égale une voix. Même si quelqu’un détient 40 % du capital, sur le papier, ta voix ne vaut pas moins que la sienne. Alors, on est avec Muriel, Valérie, Phanh a Nong, Sylvie, Jeanne-Rose, Noemia, Ircilia qui se demandent quoi faire. Un autre patron ? Ou on se prend en main ? Mais est-ce qu’on ne va pas leur faire à l’envers ? Et on s’aperçoit que se lancer dans une scop, c’est arrêter d’avoir peur, accepter de prendre des risques, douter de ce monde qui t’explique que tu n’es rien, remettre en question les décideurs de ton destin. Juste y croire.
Ce film est un suspens politique et social, drôle, émouvant et plein de rebondissements. Évidemment, le patron, qui voulait déposer le bilan, a finalement une autre idée pour l’avenir de sa société : il n’aimerait pas abandonner ses employées à leur pauvre sort. Mais les filles ne sont pas des idiotes ! Je ne peux pas vous en dire plus sans dévoiler la fin, mais ce que je peux vous assurer, c’est que la réalisatrice est si partie prenante qu’elle nous remonte le moral dans l’adversité. Qu’elle n’a pas oublié que quand tout s’assombrit, le seul truc qui nous reste, c’est de chanter.
Depuis que je l’ai vu, je me demande sans cesse : qu’est-ce qui est « entre nos mains » ?

Isabelle Tillou, groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste