Quelle liberté de la presse, achetée ou muselée, dans la plupart des pays du monde ?

mis en ligne le 18 novembre 2010
1613CensureEn écoutant les résultats du dernier classement, on s’aperçoit vite que plus les sociétés évoluent et moins les notions de « développement économique », de « réformes institutionnelles » et de « droits des libertés fondamentales » riment avec liberté d’expression. Sans grande surprise, les tenants de la liberté de la presse demeurent les pays du nord de l’Europe (Finlande, Islande, Norvège, Pays-Bas, Suède – et plus au sud, la Suisse). Ces six pays, non seulement respectent les journalistes et les médias, mais ils les protègent également face à la justice. La Suède se distinguant par « l’Acte sur la liberté de la presse », particulièrement favorable à l’exercice du métier de journaliste et le respect des contre-pouvoirs.
Le reste des pays européens continue de perdre des places dans le classement. Quatorze pays de l’Union européenne sont sous la vingtième place et certains se retrouvent même très bas dans le classement : l’Italie de Berlusconi, 49e, la Roumanie, 52e et la Grèce et la Bulgarie, 70e. Et la France ? Reporters sans frontière signale qu’en France comme en Italie, des incidents et des faits marquants ont jalonné l’année en cours : violation de la protection des sources, concentration des médias, mépris et même impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail, convocations de journalistes devant la justice. Les lecteurs du Monde libertaire ont pu constater qu’après Charlie-Hebdo, leur magazine est également passé à 2,50 euros au lieu de 2 euros. La pression économique sur la presse libre, via les difficultés rencontrées sur les réseaux de distribution et le prix de revient exorbitant pour se maintenir en kiosque, en sont l’unique cause.
Évidemment, il y a toujours pire… Et l’on retrouve, à l’autre bout du classement : le Rwanda, le Yémen et la Syrie qui rejoignent la Birmanie et la Corée du Nord dans le carré des pays les plus répressifs de la planète envers les journalistes. Jean-François Julliard a ensuite cité dix pays où il ne fait vraiment pas bon être journaliste, à commencer par le « trio infernal » : l’Érythrée, la Corée du Nord et le Turkménistan. On dénombre en tout une dizaine de pays (Birmanie, Afghanistan, Pakistan, Somalie, Mexique – pays en guerre, ou sujets à de violentes répressions, où la presse est une cible privilégiée et les journalistes directement visés) marqués par les persécutions contre la presse et l’absence totale d’informations. Une fois n’est pas coutume : pour la première fois depuis la création du classement annuel en 2002, Cuba ne fait pas partie des dix derniers. Cette progression est principalement due à la libération de 14 journalistes et 22 militants pendant l’été 2010. La situation sur place, cependant, n’évolue guère, la censure et l’oppression étant toujours le quotidien des dissidents politiques et des professionnels de l’information. En revanche, les Philippines ont assisté cette année au massacre d’une trentaine de journalistes commandité par un baron local. L’Ukraine subit une lente détérioration de la liberté de la presse, depuis l’élection de Viktor Ianoukovitch en février 2010.
Pour le reste du monde, le Brésil, qui jouit d’une évolution législative favorable, remonte au 58e rang. L’Inde chute cette année à la 122e position. La Russie, particulièrement meurtrière en 2009 en matière de journaliste, demeure à la 140e place. Et enfin la Chine, située à la 171e place continue allègrement de censurer, d’emprisonner les voix dissidentes. Jean-François Julliard, après avoir remercié l’ensemble des journalistes de l’ensemble du prisme éditorial à s’être déplacés, a réitéré les appels de Reporters sans frontières à libérer Liu Xiaobo, « symbole du bouillonnement, pour l’instant contenu par la censure, de la liberté d’expression en Chine » et a mis en garde les autorités chinoises « qui risquent de s’enfoncer dans une impasse ». C’est sûr que tant que les Sarkozy et autres marchands de canons iront s’aplatir devant eux, dans l’espoir de vendre deux ou trois Rafales, cela ne risque pas de changer !

Propos recueillis par Patrick Schindler, groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Inri

le 14 janvier 2011
Excellent article, faut dire qu'ici au Canada ou devrais-je dire en Harper-land les journalistes ne sont pas trop les bienvenues à critiquer les dérives politiques et idéologiques du premier dignitaire, surtout quant aux contrats que les Con-servateurs accordent aux Ricains pour l'octroi d'avions de chasse et la coupure dans le financement des organismes d'aides communautaires et de la probité quant à loi sur l'accès public à l'information.