Froidure sociale

mis en ligne le 18 novembre 2010
Maintenant que la tension dans les luttes est retombée, qui va payer les pots cassés ? Qui sera montré du doigt pour avoir le premier marqué le pas, enclenchant retrait des grèves et différents blocages ?
La semaine dernière on a eu droit à un bel échange entre responsables de boutiques syndicales. Le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, déclarait samedi 6 : « Si la CGT voulait vraiment cogner sérieusement et exiger le retrait, ce qu’elle n’a jamais demandé, il fallait aussi accepter d’appeler à la grève. » Le berger a répondu à la bergère : « Depuis le début, Force Ouvrière cherche à diviser le mouvement qui a pris de l’ampleur, ils ont fait une erreur en étant à côté dès le départ, maintenant ils cherchent à rattraper le temps passé en se présentant comme étant les plus radicaux. » Vous aurez, bien sûr, deviné qu’il s’agissait du Ronnie Bird de la porte de Montreuil à Paris, Bernard Thibault, secrétaire de la CGT.
On ne dira plus que l’unité syndicale, mais bien plus que le bateau du mouvement social prend l’eau et qu’il ne sera pas apte à affronter les grandes tempêtes.
À court terme, c’est le gouvernement qui tire les marrons du feu. Mais à long terme il est sûr que ce sera une autre affaire. Les divers médias font le compte les plumes perdues par les différents syndicats mais cela est-il vraiment comptable ?
Il est assez amer de constater que l’on considère maintenant certaines centrales syndicales non comme des forces de contestation, de propositions, mais comme « des acteurs importants du paysage syndical ». Partenaire ou « acteur », c’est le seul choix ?
Il est vrai que pour nombre de plumitifs de la presse quotidienne, on en est encore et curieusement à la conception léniniste du syndicalisme. Par exemple en déclarant poser « les limites du syndicalisme : que deviennent les luttes sociales lorsqu’elles n’ont pas de débouchés politiques ? ». Pour la majorité des médias, c’est entendu, le monde du travail n’est toujours pas adulte, sans parler de l’autonomie ouvrière…
Le dogme de la courroie de transmission est donc encore bien dans la tête des plumitifs de tous bords ! Des historiens spécialistes des mouvement sociaux, des sociologues déclarent des choses qui vont dans le sens de l’espérance : « Les syndicats ont fait la preuve de leur solidarité et de leur efficacité », « Même pour les gens qui ne sont pas syndiqués, le syndicalisme représente le principal outil d’organisation pour défendre les intérêt des travailleurs », « La légitimité du syndicalisme prend ses racines dans le mouvement social. » Bon… on pourra dire que ça enfonce des portes ouvertes et qu’on n’avait pas attendu des universitaires pour comprendre ça. De toute façon la réponse viendra sur le terrain.