L’État n’est plus rien, soyons tout

mis en ligne le 16 décembre 2010
« Ce n’est pas un hasard si la Grèce, où est née l’idée de démocratie, ouvre la voie du combat à mener contre une corruption démocratique qu’aggrave partout la pression des multinationales et des mafias financières. On a vu dans ce pays se manifester une résistance qui tranche avec la léthargie d’un prolétariat européen, anesthésié depuis des décennies par l’emprise du consumérisme et par les impostures de l’émancipation » (Raoul Vaneigem) 1. Diable… Nous, anarchistes, la démocratie, dans le sens actuel, ça ne nous emballe pas spécialement. Le fait que le mouvement social s’enlise dans des voies étroites, là on est d’accord. Mais que faire, au-delà des incantations ?
Certes, au-delà des mots d’ordre, ça a piétiné dans tous les sens du terme. Tout cela pour engranger le mécontentement pour la présidentielle de 2012 ? Le spectacle de la gauche parlementaire à l’heure où nous écrivons ces lignes fait encore une fois douter de cette stratégie politique… Pourtant, tous ensemble dans les luttes, coordonnés syndicalement au niveau local, ça devrait être possible et ne pas rester au niveau du slogan voire du rêve.
« Nous avons vaguement l’impression d’être vendus, trahis, mais pour quelles raisons ? » déclaraient dernièrement les camarades de la CGT Goodyear. « Vendus et trahis par tous ces syndicalistes qui n’imaginent leur rôle que comme force de pression et de contre-proposition dans le cadre de l’appareil d’État capitaliste. […] Il faut revenir aux fondements du syndicalisme et vite… »
D’autres camarades de la CGT déclaraient aussi : « La pression retombe après les semaines de mobilisation, les piquets de grève le matin à l’aube, les manifestations à piétiner en attendant de pouvoir (enfin !) commencer à défiler. En ce moment on souffle. Et quelque part c’est normal, on n’est pas des super-héros. » Paroles du quotidien du monde du travail…
Faudrait, bien sûr, rassembler mécontentes et mécontents pour faire entendre notre voix dans les diverses structures syndicales. Sans faire dans le défaitisme, l’avenir est-il à ce point bouché ? S’il faut rester sur le plan syndical, payer ses cotisations et se rappeler le passé ? On espère qu’autre chose viendra !



1. Raoul Vaneigem, L’État n’est plus rien, soyons tout, éditions Rue des Cascades, 2010.