Hibernation et syndicalisme

mis en ligne le 13 janvier 2011
Nous passerons sous silence l’absence de la CGT au pince-fesses de l’Élysée… d’autres s’en sont chargés ! Selon pas mal de médias, la cote des syndicats est au plus haut « parmi les salariés et dans l’opinion publique ».
Comme quoi se battre, lutter marque les esprits même si les lois sont promulguées !
« Le syndicat moderne c’est le syndicat de la démocratie dans les luttes. C’est le syndicat qui tient bon, même quand ça va mal.
[…] Le syndicat qui accepte et reconnaît les diversités, les spécificités comme la réalité et les aborde sans prévention pour bien y répondre car il n’est bien le syndicat de tous que s’il est celui de chacun. Depuis les retraités qui en ont bien besoin, jusqu’aux plus jeunes des jeunes », ainsi s’exprimait Henri Krasucki, alors secrétaire de la CGT en 1987 1. Citer un ancien membre de la nomenklatura syndicalo-politique peut-il éclairer nos lanternes en ce début d’année où syndicalement on voudrait nous faire prendre des vessies… pour autre chose ?
Il est toujours bon de rappeler ce qui devrait être, même si, dans la réalité, le naturel des réflexes bureaucratiques et sectaires reprend le dessus. Quand, par exemple, on réentend le sempiternel « à l’initiative de la seule CGT » qui enterre de fait tout une unité dans les luttes.
Sinon nous n’en sommes plus à l’âge d’or du syndicalisme, l’ouvrier en bleu travaillant sur son étau, c’est du passé. Seul devant son écran, correspondant avec ses collègues par messages électroniques, bonsoir les actions collectives. Tel est l’horizon du prolétaire du XXIe siècle !
Pourtant, selon les bonnes vieilles recettes, les licenciements continuent. Selon un sondage de l’Humanité-Harris, 56 % des Français « refusent la fin des 35 heures ». Faudrait que ça se traduise sur le terrain… Mais, ce qui nous importe, sur le plan syndical, c’est que les relais ne sont plus tellement présents… Unions départementales, unions locales devraient avoir la dragée haute devant les divers partis politiques. Mais la présidentielle est proche et tout le monde politique a les armes à la main. Si le mouvement syndical sauvera les meubles ? Il faut l’espérer, à condition qu’il donne aux salariés les possibilités, l’envie de se mobiliser. Ou se résigner à n’être que la cinquième roue du carrosse, ce qui serait un triste siècle.



1. C’était dans une série d’entretiens réalisés par Jacques Estager pour les éditions Messidor.