Peuple doux, flics brutaux

mis en ligne le 24 février 2011
Le 21 janvier dernier, à Anduze (Gard), lors d’une manifestation de protestation contre un projet de rattachement d’une communauté de communes à l’agglomération voisine, un commandant de gendarmerie a, une fois de plus, apporté un brillant témoignage de la brutalité légendaire de nos forces dites « de l’ordre ». Alors que les manifestants se contentaient de bloquer une voie de chemin de fer, sans insultes ni jets de projectiles, sans la moindre manifestation de violence, ce gradé a subitement sorti sa bombe lacrymogène pour asperger allègrement la foule depuis le quai. S’en est suivi une bonne pagaille, un mouvement de foule pendant lequel les gendarmes en ont profité pour cogner à coups de matraque les manifestants qui passaient à leur portée. En témoigne ce viticulteur de 60 ans qui déclare au Monde : « Il m’a porté plusieurs coups de poing au visage, alors que j’étais maintenu par deux gendarmes. Pourtant, je n’avais rien fait de violent. Il a fait tomber sa bombe lacrymogène devant moi et je l’ai simplement ramassée et jetée au loin... » Pourquoi ? Personne ne sait vraiment. La vidéo qui révèle les faits montre bien l’absence de toute attitude belliqueuse de la part des manifestants. Depuis le 3 février, l’Inspection de la gendarmerie nationale (IGN) a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette histoire...
Les médias – du moins ceux qui en ont parlé – se font larmoyants, s’étonnent à nouveau de la brutalité de la police française. Comme si cela n’était jamais arrivé; ils se montrent surpris, choqués. Pourtant, il y a à peine trois mois, des flics ont tué un homme dans un immeuble de Colombes (Hauts-de-Seine) et un autre, le 12 décembre, à Marseille, avec un tir de flashball. Les journaleux doivent avoir la mémoire bien courte. Les brutalités et les crimes policiers s’accumulent et, à chaque fois, c’est la même rengaine : on s’indigne, et on passe à autre chose. On promet une enquête de l’IGN (ou de l’IGPN, selon les corps répressifs impliqués), histoire de calmer les esprits. Et la suite, on la connaît aussi : l’IGN étouffera l’affaire ou blanchira les bleus, et, si elle vient à les mettre en cause, on pourra compter sur la justice bourgeoise pour les relaxer sans complexes. Ah, douce France. Sous d’autres cieux, le crime d’un flic déclenche des révoltes. Chez nous, c’est à peine s’il fait couler de l’encre. Une chose est sûre, on est trop gentils.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Anarkos

le 9 avril 2011
Une précision : tout ce petit monde bloquait un simple train touristique. Pas question ici de travailleurs "pris en otages" par des grévistes de la SNCF. Juste la routine répressive : tu ouvres ta gueule, t'es gazé.