Plus de 200.000 manifestants en Allemagne contre la précarisation du travail

mis en ligne le 4 mars 2011
Environ 210 000 salariés ont manifesté jeudi à travers l'Allemagne contre la précarité au travail, selon le syndicat de l'industrie IG Metall, organisateur de cette journée d'action.
« En cette période de croissance, nous nous élevons contre la dégradation des conditions de travail en raison du recours massif au travail intérimaire et aux emplois précaires », a déclaré à Brunswick (nord) Berhold Huber, président du syndicat, selon un communiqué.
« Nous voulons envoyer un signal aux employeurs et responsables politiques: il faut arrêter cette course au dumping au détriment de l'humain », a ajouté M. Huber, selon qui c'est aussi la capacité d'innovation du pays qui en pâtira au final.
Alors que lundi les principaux partis politiques allemands sont parvenus à un accord sur une importante réforme de l'aide sociale après des mois de négociations, son collègue Detlef Wetzel a qualifié les mesures concernées de "placebo" qui n'aide pas à combattre l'abus du recours au travail temporaire. Les partis de gouvernement -conservateurs CDU/CSU et libéraux FDP- et les sociaux-démocrates (SPD, opposition), sont convenus d'augmenter l'allocation de soutien aux plus démunis de 5 euros par mois et par personne cette année, et 3 euros supplémentaires au 1er janvier.
L'allocation va passer de 359 euros à 364 euros par adulte, rétroactivement au 1er janvier 2011, et à 367 euros l'an prochain après approbation de la réforme par le Bundesrat, Chambre haute du Parlement.
Elle est destinée en priorité aux chômeurs mais beaucoup de personnes qui travaillent et gagnent peu en bénéficient aussi pour pouvoir vivre décemment. Après avoir consenti des sacrifices importants pendant les années de crise, les salariés allemands réclament des retombées de la croissance exceptionnelle enregistrée par le pays en 2010 (+ 3,6 %), et notamment des hausses de salaires et la fin du recours au travail précaire.
Car si le nombre de chômeurs a fortement reculé dans le pays et devrait descendre sous le seuil symbolique des 3 millions en moyenne cette année, ce chiffre cache une réalité plus sombre, selon IG Metall et la confédération des syndicats allemands DGB.
Ainsi 43 % des nouveaux emplois créés en 2010 étaient des contrats intérimaires, 42 % des contrats à durée déterminée (CDD) et seulement 15 % d'entre eux des contrats à durée indéterminée (CDI), selon un sondage d'IG Metall auprès de plus de 7 000 comités d'entreprise.